Nouvelle-Calédonie: le haut-commissaire de la République redoute une "guerre civile"

16:1015/05/2024, среда
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Le haut-commissaire de la République française, Louis Le Franc.
Crédit Photo : GUILLAUME SOUVANT / AFP
Le haut-commissaire de la République française, Louis Le Franc.

La Nouvelle-Calédonie traverse une période critique, marquée par une seconde nuit consécutive d'émeutes violentes. Lors d'une conférence de presse, ce mercredi, le haut-commissaire de la République française, Louis Le Franc, a évoqué un climat "insurrectionnel" et estimé qu'"on s'engage tout droit dans une guerre civile", selon ses propos rapportés par la presse française.

L'archipel français du pacifique subit une explosion de colère, suite à une révision constitutionnelle controversée du corps électoral, votée par les députés à Paris, à l'origine de la colère du camp indépendantiste.


Après deux nuits de violences, ce mercredi, le Gouvernement français a confirmé la mort de deux personnes au cours des troubles, dont une tuée par balle à Nouméa, dans des circonstances encore floues.

Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a précisé sur RTL que la victime n'a pas été atteinte par des tirs des forces de l'ordre, mais par un individu probablement en situation de légitime défense.


Selon le haut-commissaire, la situation est alarmante. Louis Le Franc a appelé à un
"calme impératif"
face aux scènes de pillages et d'incendies qui ont marqué cette nuit d'émeutes. Selon lui, le dégel du corps électoral calédonien, bien que légalement entériné,
"ne mérite pas la guerre".

Le haut-commissaire, qui a appelé
"au calme, impératif",
a déclaré:

La situation est insurrectionnelle. On s'engage tout droit dans une guerre civile.

"Ce mot d'ordre vaut pour l'ensemble de la population, pour ceux aussi qui vivent en camp retranché, pour tous les émeutiers qui sont sur l'agglomération de Nouméa […] et détruisent mairies et centres d'alimentation, et évacuent de force des personnes de leur habitation pour ensuite brûler celles-ci",
a ajouté le représentant de l'État français.

Pour rappel, le Président français Emmanuel Macron a convoqué un conseil de défense et de sécurité, mercredi, afin d'examiner la situation en Nouvelle-Calédonie. Ces événements interviennent, au même moment que la discussion à l'Assemblée nationale à Paris d'un projet de réforme constitutionnelle portant dégel du corps électoral de l'archipel calédonien et son élargissement aux Français qui ne sont pas originaires de Nouvelle-Calédonie.

Ce projet est fortement contesté par les autochtones Kanaks qui représentent près de 40 % de la population et qui redoutent une perte de poids électoral par le biais de cette réforme. Le projet a été discuté pendant deux jours (13-14 mai courant), puis adopté par l'Assemblée nationale française, tard dans la nuit de mardi à mercredi, avec un score de 351 voix
"pour"
et 153
"contre".
Ledit projet qui avait été adopté par le Sénat, le 2 avril dernier, avec 233 voix pour et 99 contre, doit être validé par les deux chambres du Parlement réuni en Congrès.

Toutefois, le président Macron
"a proposé d'inviter à Paris l'ensemble des parties néo-calédoniennes pour une rencontre avec le gouvernement visant à relancer le dialogue".

Le Président
"a également promis qu'il ne convoquerait pas - 'dans la foulée' d'une éventuelle adoption du texte - le Parlement en Congrès, nécessaire pour modifier la Constitution, afin de laisser une dernière chance aux discussions entre les parties locales".

Pour rappel, le corps électoral en Nouvelle-Calédonie avait été gelé suite à une révision constitutionnelle en février 2007. Cependant, et malgré ce gel, les autochtones Kanaks, dit aussi
"indépendantistes",
ont perdu les 3 référendums sur l'indépendance, tenus entre 2018 et 2021, ce qui a permis à l'archipel de rester français. Par le dégel du corps électoral, le Gouvernement français veut, aujourd'hui, permettre à environ 25.000 personnes de nationalité française, mais pas forcément Calédoniens, d'intégrer les listes électorales des provinciales. Cet élargissement du corps électoral est présenté par le Gouvernement français comme indispensable pour la
"constitutionnalité du prochain scrutin".

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