Le politologue franco-marocain, Nabil Ennasri.
Le politologue franco-marocain Nabil Ennasri, mis en examen dans le cadre d'une enquête portant sur de présumées infractions financières, a été libéré de prison mardi soir après 15 mois passés en détention et a été placé sous contrôle judiciaire en attendant un éventuel procès.
Ce contrôle judiciaire comprend plusieurs dispositions dont une interdiction de sortie du territoire, une obligation de pointage hebdomadaire et une interdiction d'entrer en contact avec les autres protagonistes de l'affaire.
Contacté par Anadolu, son avocat, Maître Nabil El Ouchikli qui se battait depuis des mois pour la remise en liberté de son client, s'est dit
"soulagé que Nabil Ennasri puisse retrouver ses proches"
et rappelle
"qu'il n'aurait jamais dû en être séparé".
En octobre dernier déjà, le conseil pointait une justice
"inéquitable"
et
"dysfonctionnelle"
dans cette enquête et avait annoncé le dépôt d'une demande de démise en examen, couplée à une requête en récusation du magistrat instructeur en charge de cet épineux dossier.
Qu'est ce qui distingue Nabil Ennasri des autres mis en examen ?
"Est-ce la gravité des faits ? Est-ce sa situation personnelle ? Est-ce le risque de fuite ? Est-ce le fantasme de sa proximité avec les Frères Musulmans ? Est-ce le positionnement qu'il adopte dans le dossier ? Est-ce l'obsession faite sur le Qatar par les magistrats instructeurs ?"
s'interrogeait Maître El Ouchikli.
Selon ce dernier, Nabil Ennasri collabore avec les enquêteurs depuis le début de l'enquête et a
"à ce titre mis à la disposition de la justice tous les éléments permettant de faciliter les investigations, donné tous les codes de ses téléphones et outils informatiques"
puis
"répondu dans le cadre de quatre interrogatoires devant le juge d'instruction à l'ensemble des faits qui lui étaient reprochés, parfois même à plusieurs reprises".
Souhaitant alerter sur le cas de son client, pour lequel il affirmait que
"la justice dysfonctionne"
, Maître El Ouchikli fustige
"une incarcération injustifiable ni factuellement ni juridiquement qui plonge sa famille et lui-même dans une situation humaine catastrophique"
et
"une différence de traitement qui place Nabil ENNASRI dans une incompréhension absolue et qui met en cause la neutralité et l'impartialité même de l'institution judicaire qui constituent des garanties fondamentales auxquelles tout justiciable a droit".
Et de poursuivre:
"Surtout, l'acharnement dont il fait l'objet se prolonge dans le temps à tel point que sa situation fait figure d'exception dans ce type de dossiers. Sa détention provisoire a été renouvelée à trois reprises pour dépasser une année, ce qui est exceptionnel voire jamais vu dans un tel cas".
Pour rappel, incarcéré entre le 4 octobre 2023 et le 17 décembre 2024, le politologue Nabil Ennasri, qui a été l'une des voix influentes des musulmans de France, est mis en examen dans le cadre d'une affaire financière et soupçonné par la justice de
"corruption et trafic d'influence", "abus de confiance"
et
"blanchiment de fraude fiscale aggravée"
dans une enquête liée au Qatar, et dans laquelle il est le seul mis en cause à avoir été emprisonné alors même qu'il n'est pas le personnage central de l'enquête.
À lire également:
À lire également:
#France
#Nabil Ennasri
#Contrôle judiciaire