Bateaux utilisés par les migrants pour arriver du côté européen. Crédit Photo: JORGE GUERRERO / AFP
L'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) révèle ses chiffres concernant les tentatives de migrations clandestines interceptées à l'arrivée en Europe, en 2022.
Les données, publiées cette semaine, mettent en avant l'ampleur du phénomène, en dépit du renforcement des contrôles des frontières terrestres et maritimes des deux rives de la méditerranée.
Selon la même source, le volume global des interceptions pour l'année passée
"est estimé à 330 000 tentatives d'immigration (entrées irrégulières) en Europe sur toutes les routes observées (terrestre et maritime)".
Frontex met en avant aussi le nombre toujours en hausse des arrivées à partir des pays de l'Afrique du Nord.
"Quatre pays de l'Afrique du Nord cumulent 60 652 tentatives interceptées, uniquement par voie maritime: Il s'agit de l'Egypte avec 21736 tentatives, de Tunisie avec 18471, du Maroc avec 11305 et de l'Algérie avec 9140 tentatives déjouées par les forces sécuritaires européennes"
, précise la même source.
Pour les trois mois de l'année en cours, l'agence observe une tendance contradictoire, en particulier pour le cas de l'Algérie.
Alors que le mois de mars courant semble être une période de calme plat pour la migration clandestine à partir d'Algérie, pour les deux premiers mois de l'année 2023,
"une hausse des tentatives est globalement observée par rapport à 2022"
, indique Frontex. Selon le sociologue algérien d'origine malgache, Mohamed-Saïb Musette, contacté par Anadolu, ces données ne renseignent pas pleinement sur l'ampleur de la "harga" (appellation de la migration clandestine dans le dialecte algérien, NDLR).
Selon lui,
"pour plus de précisions sur l'intensité de ce phénomène, il y a lieu aussi de mesurer au moins trois autres indicateurs: le nombre de personnes interceptées par les autorités des pays d'origine au moment du départ (sur les plages) ou dans les eaux territoriales; le nombre de personnes disparues ou retrouvées sans vie sur les plages et le nombre de personnes qui ont pu rejoindre l'autre rive, sans être interceptées".
"Ainsi, les données de Frontex doivent être prises avec prudence et ne sauraient suffire pour comprendre la harga dans son ensemble"
, nous déclare-t-il.
Toujours en analyse des chiffres de l'agence européenne, le chercheur algérien, un des meilleurs spécialistes des questions migratoires, affirme
"qu'on peut observer les variations selon les mois, avec un pic enregistré durant la saison estivale par les tentatives provenant de la Tunisie et L'Égypte".
"Si les tentatives provenant de la Tunisie semblent assez fortes, celles de l'Egypte méritent d'être soulignées. Les provenances de l'Egypte constituent un record historique de harga, puisque le volume le plus fort a été enregistré en septembre 2022. Le dispositif égyptien pour lutter contre les migrations irrégulières vers l'Europe semble ainsi avoir atteint ses limites"
, commente-t-il.
Il précise, en revanche, que
"la faiblesse des interceptions en provenance d'Algérie peut aussi être traduite comme étant une plus forte performance des forces algériennes pour enrayer les départs de nos côtes".
S'agissant des nationalités des candidats à la traversée clandestine, Mohamed-Saïb Musette précise que les
"données nous interpellent"
.
"Cette agence n'est pas habilitée à déterminer la nationalité des personnes – pour ce faire, il y a une procédure diplomatique à mettre en œuvre. C'est pour cette raison que les tentatives peuvent être comprises comme tentatives en provenance des pays cités",
note-t-il.
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