Nombre d'observateurs craignaient que celle qui fête ce week-end le premier anniversaire de son arrivée à la tête du gouvernement marque un tournant radical dans la politique italienne, alors qu'elle a finalement adopté une ligne modérée en politique étrangère et un programme de droite loin d'être révolutionnaire sur le front intérieur.
Elle a également assuré un soutien sans faille à Kiev face à Moscou, et devrait retirer des Nouvelles routes de la soie chinoises l'Italie, seul pays du G7 à s'être joint au projet en 2019.
Parallèlement, elle a couvé son électorat avec des baisses d'impôts, une politique résolument antimigrants et la défense de la famille traditionnelle, réussissant à maintenir son parti Fratelli d'Italia en tête des intentions de vote.
Fratelli d'Italia, fondé en 2012, est resté dix ans un parti marginal avant de rafler la mise aux élections de septembre 2022 avec 26% des voix.
Sa coalition, constituée avec la Ligue antimigrants de Matteo Salvini et le parti conservateur Forza Italia fondé par Silvio Berlusconi (décédé en juin), forme le gouvernement le plus à droite de la péninsule depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le gouvernement a allégé la pression fiscale, en particulier sur les familles, une priorité traditionnelle des électeurs conservateurs, observe Lorenzo De Sio, professeur de Sciences politiques à l'université Luiss de Rome.
Plus tolérant envers l'évasion fiscale, l'essentiel de la politique économique suit la ligne des précédents gouvernements de droite pour aboutir à une sorte de "Berlusconi 2.0", résume M. De Sio.
L'exécutif a ainsi interdit aux autorités locales d'enregistrer à l'état civil les enfants de couples gay et lesbiens, qui en Italie ne sont pas autorisés à adopter ou à recourir à des mères porteuses.
Mme Meloni n'a de cesse de défendre le modèle traditionnel de la famille, un père et une mère, même si elle est plus souple sur le mariage. Elle a annoncé vendredi se séparer de son compagnon, père de leur fille de sept ans.
Le dossier migratoire avait été central durant la campagne électorale: tant Mme Meloni que M. Salvini avaient promis de bloquer les bateaux transportant des migrants des côtes nord-africaines jusqu'en Italie.
Giorgia Meloni a appelé l'UE à la rescousse, notamment en soutenant un accord avec la Tunisie pour empêcher les départs de ce pays et en saluant un accord conclu à Bruxelles sur le partage des demandes d'asile.
Les résultats de ces efforts tardent cependant à se traduire dans la réalité: selon un sondage de YouTrend pour la chaîne d'information en continu SkyTG24, l'immigration est en tête des motifs d'insatisfaction des électeurs sur l'action du gouvernement.
Pour Luigi Scazzieri, si Giorgia Meloni ne réussit pas à démontrer que son approche équilibrée sert les intérêts de l'Italie, elle sera contrainte d'infléchir, en la durcissant, sa ligne politique.