Plus nombreux que les Américains appelés au vote dans cinq mois, quelque 370 millions d'électeurs vont choisir leurs 720 eurodéputés par le biais de 27 élections nationales distinctes - faute de listes transeuropéennes et à l'issue d'une campagne souvent dominée par des enjeux nationaux.
Le Parlement, qui siège à Strasbourg et Bruxelles, est la seule institution élue de l'UE, en charge de négocier et d'adopter les législations de concert avec le Conseil de l'UE (les Etats membres), sur la base des propositions de la Commission.
Pour autant, les partis des droites radicales et nationalistes pourraient, en nombre cumulé d'eurodéputés, dépasser le PPE, et influer sur des dossiers cruciaux : défense européenne contre une Russie expansionniste, nouvelle politique agricole, voie vers la neutralité carbone...
L'extrême droite est divisée en deux groupes au Parlement, ECR (Fratelli d'Italia, PiS polonais, l'espagnol Vox, le français Reconquête...) et ID (Rassemblement national, Ligue italienne, PVV néerlandais de Geert Wilders... mais dont a été exclu l'AfD allemand) - ils pourraient à eux deux remporter environ un quart des sièges.
S'ils partagent un euroscepticisme et un souverainisme affichés - sans prôner une sortie de l'UE -, leur éventuelle fusion reste compliquée par d'importantes divergences, notamment sur la Russie.
Si 3/4 des sondés dans l'Eurobaromètre approuvent le renforcement de l'industrie de défense européenne et une majorité l'envoi d'armes à l'Ukraine, le soutien des Vingt-Sept à Kiev reste entravé par le Premier ministre hongrois Viktor Orban - dont le pays assurera la présidence tournante de l'UE au second semestre 2024.
Les équilibres issus des élections détermineront aussi l'attribution des postes dirigeants dans l'UE : Ursula von der Leyen est favorite pour sa reconduction à un second mandat comme présidente de la Commission, étant la candidate désignée par le PPE, attendu en tête du scrutin.
En se disant prête à collaborer avec la cheffe de gouvernement italienne Giorgia Meloni et son parti post-fasciste Fratelli d'Italia, Mme von der Leyen a été fustigée par les partis de gauche et Renew, ulcérés par l'idée de laisser Mme Meloni redessiner le paysage politique.
A quelques semaines du scrutin, l'extrême droite est éclaboussée par des soupçons d'ingérence au profit de Moscou et Pékin, impliquant notamment l'AfD allemand et sa tête de liste Maximilian Krah.