Législatives en France: des dizaines de milliers de manifestants attendus contre l'extrême droite

11:1215/06/2024, Saturday
MAJ: 15/06/2024, Saturday
AFP
Des manifestants se rassemblent dans la rue lors d'un rassemblement contre l'extrême droite après les résultats des élections européennes, à Montpellier, dans le sud de la France, le 14 juin 2024.
Crédit Photo : Pascal GUYOT / AFP
Des manifestants se rassemblent dans la rue lors d'un rassemblement contre l'extrême droite après les résultats des élections européennes, à Montpellier, dans le sud de la France, le 14 juin 2024.

Moins d'une semaine après l'annonce-choc de législatives anticipées, les opposants à l'extrême droite vont manifester samedi dans toute la France à l'appel de syndicats et du "Nouveau Front populaire".

Dès vendredi soir, plusieurs milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes avec, à Lyon (centre-est), des violences qui ont fait quatre blessés, dont trois policiers, selon les autorités locales.


Environ 200 manifestations sont prévues pendant le week-end, à l'approche des législatives des 30 juin et 7 juillet. Elles commenceront samedi en matinée à Bayonne (sud-ouest), Toulon (sud-est) ou encore Valenciennes (nord). A Paris, le cortège partira à 14H00 (12H00 GMT). Lyon (sud-est), troisième ville du pays, défilera dimanche.


De source policière, 300.000 à 350.000 personnes sont attendues, dont 50.000 à 100.000 dans la capitale. Quelque 21.000 policiers et gendarmes sont mobilisés.

"Il y a besoin d'un sursaut démocratique"
, a déclaré Marylise Léon, la cheffe de la CFDT, l'un des cinq syndicats qui ont appelé à la mobilisation, dans un entretien au quotidien Le Parisien. Elle appelé à voter
"pour n'importe quelle bannière face au RN"
et souhaité des manifestations
"sans violence".

Les leaders de gauche, qui avaient appelé dès lundi soir à rejoindre les cortèges, pourront y mesurer la popularité du Nouveau Front Populaire, la coalition électorale qui rassemble leurs principaux partis, de La France Insoumise (LFI, gauche radicale) aux socialistes.


Impensable avant dimanche, leur union a été scellée cette semaine et a abouti à un programme commun, dont le volet économique au même titre que celui du RN, fait porter un
"très grand danger"
à l'économie française, a jugé vendredi soir le président Emmanuel Macron depuis l'Italie où il participait au sommet du G7.

"Il y a aujourd'hui deux blocs extrêmes qui ont fait le choix de programmes économiques qui ne sont pas dans le cadre d'une éthique de la responsabilité et qui promettent aux gens des cadeaux qui sont non-financés"
, a-t-il dit.

M. Macron a également brocardé les divergences internes à gauche qu'il qualifie de
"spectacle de grande incohérence"
: chacun
"pense le contraire"
de l'autre,
"on est chez les fous, ce n'est pas sérieux".

Le programme du Nouveau Front populaire propose
"une rupture totale avec la politique d'Emmanuel Macron"
, selon le coordinateur de LFI Manuel Bompard, avec à la clef abrogation de la réforme des retraites, salaire minimum à 1.600 euros net (contre 1.383 euros actuellement).

"Ingénieurs du chaos"


"La République est en danger face à ces ingénieurs du chaos qui prônent la division"
, a ciblé le président du Rassemblement national Jordan Bardella vendredi.

M. Bardella, qui vise Matignon à 28 ans seulement, a estimé que seules
"deux formations politiques"
pourront
"composer un gouvernement"
: la sienne, favorite des sondages, et cette nouvelle union de la gauche.

Il a fustigé les manifestations prévues ce week-end:
"la démocratie ne se conteste pas au point de refuser le résultat des urnes".

Depuis dimanche, des manifestations et rassemblements ont lieu quasi-quotidiennement à travers toute la France.

Il y a 22 ans, c'était la qualification du dirigeant d'extrême droite Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l'élection présidentielle qui avait rassemblé près d'un million de manifestants le 1er mai 2002. Aujourd'hui, c'est le
"choc des européennes"
, avec un score cumulé de l'extrême droite de 37,8% et la perspective d'un
"RN au portes du pouvoir"
, qui poussent les opposants dans la rue.

Jordan Bardella a dénoncé vendredi des appels
"extrêmement dangereux"
à
"l'insurrection"
, tout en se disant
"très attaché à la liberté d'expression".

Du côté de la droite classique, le tribunal de Paris a provoqué un énième rebondissement en invalidant vendredi la décision du bureau national du parti Les Républicains (LR), qui avait exclu le président de la formation Eric Ciotti, favorable à une alliance avec le RN. Jordan Bardella assure lui que son parti présentera
"un candidat commun"
avec LR
"dans 70 circonscriptions".

D'ici à dimanche, date limite du dépôt des candidatures, les partis finalisent leurs castings.


Signe de l'incertitude sur l'issue du scrutin: la Bourse de Paris a connu sa pire semaine depuis mars 2022 (-6,23%) et effacé ses gains de l'année.


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