Le Tchad rompt ses accords de coopération de défense avec la France

11:0329/11/2024, Cuma
AFP
Le président du Tchad, Mahamat Idriss Deby.
Crédit Photo : Mikhail METZEL / POOL / AFP
Le président du Tchad, Mahamat Idriss Deby.

Le Tchad, dernier pays sahélien à abriter des forces françaises, a annoncé jeudi soir mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris, une annonce survenue quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot.

"Le gouvernement de la République du Tchad informe l'opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l'accord de coopération en matière de défense signé avec la République française"
, a déclaré le ministre des Affaires étrangères tchadien Abderaman Koulamallah sur la page Facebook du ministère.

Le Tchad est un maillon clé de la présence militaire française en Afrique, constituant le dernier point d'ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger.


"La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté"
, avait relevé un peu plus tôt M. Koulamallah à l'issue une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et M. Barrot.

M. Barrot, arrivé jeudi soir en Ethiopie, n'était pas immédiatement joignable pour réagir à cette information, tout comme le ministère français des Armées.

"Souveraineté"


En mai dernier se sont achevées à N'Djamena trois années de transition avec l'élection de Mahamat Idriss Déby Itno, porté au pouvoir par une junte militaire après la mort de son père Idriss Déby tué par des rebelles au front.


Menacé par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l'appui de l'armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019.


"Ce n'est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs"
, a assuré à la presse M. Koulamallah, joint par téléphone, dont le pays abrite encore environ un millier de militaires français.

"Le Tchad, conformément aux dispositions de l'accord, s'engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis"
, précise le communiqué ministériel, qui n'évoque pas de date de retrait des troupes françaises.

Cette annonce intervient alors que le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a également indiqué jeudi dans un entretien à la presse que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal, invoquant lui aussi l'argument de la souveraineté.


Au Tchad, la décision a été
"prise après une analyse approfondie"
et marque un
"tournant historique"
, a souligné M. Koulamallah dans son communiqué.

"Après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour le Tchad d'affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales"
, a-t-il ajouté, assurant que la visite de M. Barrot avait par ailleurs permis de renforcer les relations bilatérales
"à tous les niveaux"
.

La visite de Jean-Noël Barrot visait à prendre la mesure de la crise humanitaire provoquée par la guerre au Soudan.


Aux côtés du ministre tchadien, il avait visité les camps de réfugiés saoudiens à Adré où il a annoncé une aide supplémentaire de la France de 7 millions d'euros pour aider les organisations humanitaires.

Il avait en outre exhorté les belligérants au Soudan à cesser leurs hostilités et invité
"les puissances étrangères qui sont alliées aux belligérants à cesser de jeter de l'huile sur le feu"
en leur fournissant des armes.

Il n'avait pas cité de pays autre que la Russie. Mais les Emirats Arabes Unis sont accusés de fournir des armes aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), et le Tchad de les soutenir en laissant transiter des armes sur son territoire.

Lundi, l'envoyé personnel d'Emmanuel Macron en Afrique, Jean-Marie Bockel, avait remis au président français son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, qui prône un partenariat
"renouvelé"
et
"coconstruit"
, selon l'Elysée.

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