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Le HCR exhorte l'UE à favoriser la "sécurité" en Méditerranée suite aux récents décès au large des côtes grecques

19:382/07/2023, dimanche
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Crédit Photo: Gueipeur Denis SASSOU / AFP
Crédit Photo: Gueipeur Denis SASSOU / AFP

Un responsable de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a appelé l'UE à accorder une place prépondérante à la sécurité et à la solidarité dans ses actions, suite au naufrage survenu le 14 juin au large des côtes grecques, lors duquel au moins 82 migrants ont trouvé la mort, tandis que des centaines d'autres se seraient noyés.

"L'UE, ses États membres et tous les pays du bassin méditerranéen doivent faire de la sécurité et de la solidarité les moteurs de leurs actions dans la région",
a déclaré à Anadolu Philippe Leclerc, représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en Türkiye.

"Face à l'augmentation des flux de réfugiés et de migrants en Méditerranée, des efforts collectifs, y compris une plus grande coordination entre tous les États méditerranéens, la solidarité et le partage des responsabilités, tels que prévus dans le pacte de l'UE sur les migrations et l'asile, sont essentiels pour sauver des vies",
a poursuivi Leclerc.

"Cela inclut la mise en place d'un mécanisme régional de débarquement et de répartition des personnes arrivant par la mer, pour lequel nous continuons à plaider",
a-t-il ajouté.

Notant qu'à la fin de 2022, le nombre de personnes déplacées par la guerre, la persécution, la violence et les violations des droits de l'homme s'élevait au chiffre record de 108,4 millions, soit 19,1 millions de plus que l'année précédente, Leclerc a déclaré qu'il s'agissait de
"la plus forte augmentation jamais enregistrée".

"Ce chiffre comprend 35,3 millions de réfugiés, 62,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, 5,4 millions de demandeurs d'asile et 5,2 millions d'autres personnes nécessitant une protection internationale",
a-t-il ajouté.

110 millions de personnes déplacées jusqu’à mai 2023


Notant que le rythme des déplacements forcés dans le monde ne montre aucun signe de ralentissement en 2023 en raison du déclenchement du conflit au Soudan, le responsable du HCR a déclaré que cela
"a déclenché de nouveaux flux, à la fois de déplacés internes et de réfugiés, portant le total mondial à une estimation de 110 millions jusqu’à mai 2023".

"Ces chiffres nous montrent que certains dirigeants sont bien trop prompts à s'engouffrer dans les conflits et bien trop lents à trouver des solutions",
a déclaré Leclerc.

"Il en résulte des dévastations, des déplacements et des angoisses pour les millions de personnes déracinées de force de leur foyer",
a-t-il ajouté.

Leclerc a appelé à apporter un soutien aux réfugiés pour qu'ils puissent reconstruire leur vie et contribuer au bien-être des pays d'accueil.


"C'est également le meilleur moyen de les préparer à rentrer chez eux et à reconstruire leur pays lorsque les conditions leur permettront de le faire en toute sécurité et volontairement ou de prospérer s'ils sont réinstallés dans un autre pays",
a ajouté le représentant du HCR.

Le soutien à la Türkiye est "plus que jamais essentiel"


Notant que depuis 2014, la Türkiye accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde, avec
"quelque 4 millions de réfugiés et de demandeurs d'asile bénéficiant d'un cadre législatif solide",
il a déclaré :

Continuer à soutenir la Türkiye est plus que jamais essentiel.

"Nous devons continuer à apporter notre soutien aux besoins humanitaires urgents et persistants des populations sinistrées par le tremblement de terre, tout en nous engageant dans des activités de redressement rapide, de reconstruction et de développement pour permettre aux populations de reconstruire leur vi
e", a ajouté Leclerc.

Il a également appelé la communauté internationale à
"montrer au peuple de Türkiye le même type de soutien et de générosité que celui avec lequel il a accueilli, protégé et aidé des millions de réfugiés dans un énorme élan de solidarité, conformément au Pacte mondial sur les réfugiés"
face aux terribles tremblements de terre du 6 février, qui ont fait plus de 50 000 morts.

Leclerc a indiqué qu'alors que
les pays à revenu faible ou intermédiaire accueillaient 76 % des réfugiés et autres personnes ayant besoin d'une protection internationale, les autres pays à revenu élevé ne fournissaient l'asile qu’à quelque 20 % d'entre eux.

"Les pays à revenu élevé, qui représentent la majeure partie de la richesse mondiale, accueillaient 24 % des réfugiés à la fin de l'année 2022",
a-t-il déclaré, précisant :
"Il s'agit d'une proportion beaucoup plus importante que ces dernières années, principalement en raison du nombre de réfugiés ukrainiens accueillis dans des pays à revenu élevé, principalement européens."

Le responsable du HCR a déclaré que le Pacte mondial sur les réfugiés, entériné par l'Assemblée générale des Nations unies en 2018, présente un schéma directeur pour la solidarité mondiale et le partage des responsabilités dont la communauté internationale a besoin.


"Cela signifie qu'il faut faire davantage pour alléger la pression sur les pays d'accueil, renforcer l'autonomie des réfugiés, élargir les possibilités d'accès à des pays tiers et favoriser les conditions de retour volontaire vers les pays d'origine, en toute sécurité et dans la dignité"
, a-t-il déclaré.

"Le prochain Forum mondial sur les réfugiés 2023 sera l'occasion de démontrer que cette solidarité reste entière, alors que les États et les autres parties prenantes présenteront les meilleures pratiques et prendront de nouveaux engagements en faveur des réfugiés et de leurs communautés d'accueil",
a-t-il ajouté.

Appel à garantir l'accès à l'asile pour tous les réfugiés


Interrogé sur les différentes mesures prises par les pays de l'UE pour les réfugiés syriens et ukrainiens, a déclaré :
"Nous avons toujours plaidé en faveur de l'accès à l'asile pour tous les réfugiés et nous avons exprimé clairement nos positions, publiquement et avec les gouvernements."

"Le respect des droits de l'homme n'est pas un choix c'est une obligation légale et morale",
a-t-il insisté, ajoutant :
"Les pays limitrophes des pays touchés par un conflit accueillent le plus grand nombre de réfugiés. C'est normal".

"Les pays voisins du Soudan ont accueilli les personnes fuyant la crise dans ce pays cette année. Les pays voisins de la Syrie, dont la Türkiye, accueillent des réfugiés syriens depuis plus d'une décennie ; le Kenya et d'autres pays à travers le continent africain continuent d'offrir une protection aux Somaliens ; le Bangladesh accueille des centaines de milliers de Rohingyas. Et ainsi de suite",
a déclaré Leclerc.

C'est pourquoi les pays européens se doivent
"d'être disposés à accueillir les réfugiés ukrainiens, comme ils l'ont fait",
a-t-il souligné.

Et de poursuivre :
"D'autre part, nous disons également à l'Europe et à tous les pays d'accepter les demandes d'asile sur la base du mérite, et non sur la base de la nationalité ou de la manière dont les personnes sont arrivées".

"De même, l'UE a eu recours à un système de protection temporaire face à l'afflux massif d'Ukrainiens fuyant la guerre, comme l'a fait la Türkiye pour les Syriens",
a-t-il ajouté.

Leclerc a mis l'accent sur la crise humanitaire au Soudan :
"Près de 1,7 million de personnes ont été déplacées à l'intérieur du Soudan, tandis qu'environ un demi-million de réfugiés et de demandeurs d'asile ont cherché refuge dans les pays voisins en raison de la violence".

Le 15 avril, des combats ont éclaté entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) du Soudan dans la capitale Khartoum et ses environs. Plus de 600 personnes ont été tuées et des milliers d'autres blessées.


"Les équipes du HCR continuent d'observer un nombre croissant de personnes fuyant le Soudan, la plupart d'entre elles rejoignant le Tchad, le Soudan du Sud et l'Egypte",
a-t-il déclaré, ajoutant :
"Le HCR se fait l'écho des appels à une cessation immédiate des hostilités, au rétablissement du calme et à l'ouverture d'un dialogue pour résoudre la crise (…) C'est une nécessité urgente pour prévenir une autre crise majeure de déplacement qui pourrait déstabiliser davantage une région fragile".

"Le HCR travaille en étroite collaboration avec les gouvernements des pays voisins et les partenaires pour répondre aux besoins des réfugiés et se préparer à l'éventualité de nouvelles arrivées",
a indiqué le responsable de l'agence des Nations Unies.

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