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L'avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani.
L'avocate et chroniqueuse tunisienne Sonia Dahmani a été condamnée en appel à huit mois de prison ferme pour des propos jugés critiques à l'encontre du président Kais Saied, ont annoncé mercredi ses avocats, qui ont dénoncé "un harcèlement judiciaire".
Connue pour son franc-parler, Mme Dahmani avait été arrêtée en direct, devant les caméras de télévision, le 11 mai, par des policiers masqués qui avaient fait irruption au siège de l'Ordre des avocats à Tunis, où elle s'était réfugiée.
Mme Dahmani, initialement condamnée à un an en première instance, a vu sa peine réduite à 8 mois, mais ses avocats
"n'ont même pas pu plaider"
pour sa remise en liberté, a déclaré à l'AFP l'avocat français Pierre-François Feltesse. L'audience, suspendue mardi, a repris tard dans la soirée pour aboutir à ce nouveau jugement.
Me Feltesse a annoncé qu'une saisine prochaine du Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire était envisagée.
Dans un communiqué reçu par l'AFP, le comité de défense de Mme Dahmani, dont Me Feltesse fait partie, a dénoncé
"un véritable harcèlement judiciaire depuis des mois"
contre l'avocate, estimant que
"ses droits les plus fondamentaux sont quotidiennement bafoués".
Ils ont mentionné
"une fouille à corps indigne et humiliante lors d'une audience le 20 août"
ainsi que l'obligation de porter
"un long voile blanc imposé aux femmes poursuivies pour des affaires de mœurs, alors qu'aucun texte ne prévoit une telle exigence dégradante".
L'arrestation et la condamnation de Mme Dahmani ont été prononcées en vertu du décret présidentiel 54 sur la
"diffusion de fausses nouvelles"
, critiqué par les défenseurs des droits pour son interprétation trop large. Depuis son entrée en vigueur, plus de 60 journalistes, avocats et figures de l'opposition ont été poursuivis ou condamnés sur cette base, selon le Syndicat national des journalistes tunisiens.
Il était reproché à l'avocate d'avoir ironisé sur un plateau de télévision en mai sur la possibilité que des migrants subsahariens souhaitent s'installer durablement en Tunisie malgré une grave crise économique.
"De quel pays extraordinaire parle-t-on?",
avait-elle lancé à un autre chroniqueur.
En février 2023, M. Saied avait fustigé l'arrivée de
"hordes de migrants subsahariens illégaux"
et évoqué un
"complot" visant à "changer la composition démographique"
de la Tunisie, un discours qui avait déclenché une violente campagne anti-migrants dans le pays.
Élu démocratiquement en 2019, M. Saied est accusé de dérive autoritaire depuis un coup de force en juillet 2021.
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