Indiens bloqués en France: l'avion a atterri à Bombay avec 276 passagers à son bord

14:1826/12/2023, mardi
MAJ: 26/12/2023, mardi
AFP
Un gendarme français patrouille autour d'un terminal de l'aéroport de Vatry, dans le nord-est de la France, le 23 décembre 2023, deux jours après l'immobilisation d'un avion à destination du Nicaragua transportant plus de 300 passagers indiens en raison de soupçons de "trafic d'êtres humains".
Crédit Photo : FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
Un gendarme français patrouille autour d'un terminal de l'aéroport de Vatry, dans le nord-est de la France, le 23 décembre 2023, deux jours après l'immobilisation d'un avion à destination du Nicaragua transportant plus de 300 passagers indiens en raison de soupçons de "trafic d'êtres humains".

Un avion qui avait été immobilisé depuis jeudi en France avec ses 303 passagers indiens en raison de soupçons de trafic d'êtres humains a atterri mardi à Bombay, où ses passagers ont quitté le terminal sans un mot à la presse.

L'avion, qui avait décollé lundi avec à son bord 276 des passagers initiaux, s'est posé à 04H00 heures locales (22H30 GMT) dans la métropole de l'ouest de l'Inde, a déclaré un responsable aéroportuaire sous le couvert de l'anonymat, confirmant les données fournies par le site de suivi des vols Flightradar24.


Certains des passagers ont été aperçus quatre heures plus tard dans un terminal du grouillant aéroport, le visage dissimulé par un masque à l'intention des nombreux journalistes qui les attendaient.

Ils ont quitté les lieux sans répondre aux questions des médias.


Les autorités indiennes n'ont pas indiqué si ces passagers avaient fait l'objet d'un interrogatoire de police à leur retour. 


Parmi les 27 personnes restées en France figurent deux Indiens soupçonnés d'être des passeurs. Ces deux suspects, nés en 1984 et 2000, n'ont pas été inculpés mais placés sous le statut plus favorable de témoins assistés et sont ressortis libres lundi après leur interrogatoire devant un juge d'instruction parisien.

Vingt-cinq autres voyageurs, dont cinq mineurs, ont été autorisés à rester pour le moment en France après avoir formulé une demande d'asile, qui va être étudiée à l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle, ont précisé les autorités.

L'avion, parti de Dubaï aux Émirats arabes unis, avait été immobilisé par la police française jeudi lors d'une escale technique destinée à refaire le plein de carburant à Vatry, près de Paris, déclenchant un feuilleton très médiatisé.


Le parquet de Paris avait expliqué que cette décision avait été prise à la suite d'un
"signalement anonyme"
selon lequel des passagers étaient
"susceptibles d'être victimes de traite des êtres humains"
en bande organisée.

L'appareil devait se rendre à Managua, la capitale du Nicaragua. Des passagers entendus par la justice dimanche ont dit qu'ils voulaient s'y rendre pour un séjour touristique.


La justice avait levé dimanche la saisie de l'appareil et les autorités se sont ensuite efforcées d'
"obtenir les autorisations nécessaires"
à son décollage.

"Pas normal"


La qualification de traite d'êtres humains en bande organisée n'a pas été retenue pour le moment car les 303 Indiens, selon une source proche du dossier, étaient apparemment montés volontairement dans cet avion.


Le parquet de Paris avait demandé le placement en détention provisoire des deux hommes soupçonnés d'être des passeurs. Ils se sont vu notifier une obligation de quitter le territoire français, ont dit leurs avocats à l'AFP.


Me Salomé Cohen, avocate d'un des deux mis en cause, a salué auprès de la presse française
"la lecture extrêmement précise et minutieuse de la juge d'instruction qui a su se défaire de la médiatisation de ce dossier".

L'enquête judiciaire porte sur des faits présumés d'aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers sur le territoire en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs, a précisé le parquet.

Selon une source proche du dossier, ces Indiens, probablement des travailleurs aux Émirats arabes unis, pourraient avoir planifié de se rendre en Amérique centrale afin de tenter ensuite d'entrer illégalement aux États-Unis ou au Canada.


On ne sait pas si c'est de la traite d'êtres humains, du trafic de migrants ou ni l'un, ni l'autre...

"Mais on a quand même gardé dans un aéroport, pendant trois nuits et trois jours, 303 personnes qui étaient en escale, des hommes, des femmes et des enfants. C'est surprenant"
, avait estimé dimanche auprès de l'AFP Geneviève Colas, la coordinatrice pour le Secours catholique-Caritas du Collectif contre la traite des êtres humains.

"Exiguïté"


Selon la préfecture de la Marne, des lits, des toilettes et des douches avaient été installés dans la zone d'attente de l'aéroport, créée de toutes pièces pour faire face à cette situation inédite.


Le bâtonnier de Châlons-en-Champagne, coordinateur des avocats du barreau local, Me François Procureur, s'était ému dimanche de
"problèmes d'exiguïté"
et de
"mauvaises conditions de vie".

L'Airbus A340 de la petite compagnie roumaine Legend Airlines s'est finalement envolé lundi à 14H35 (13H35 GMT).


L'ambassade de l'Inde en France.

"Merci au gouvernement français et à l'aéroport de Vatry pour la résolution rapide de la situation"
, a réagi l'ambassade d'Inde en France sur X.

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