Guinée-Bissau: l'état-major dit contrôler la situation après une nuit de combats

16:171/12/2023, Cuma
AFP
Le commandant de la Garde nationale, le colonel Vítor Tchongo arrêté. Crédit photo: X
Le commandant de la Garde nationale, le colonel Vítor Tchongo arrêté. Crédit photo: X

L'état-major bissau-guinéen a déclaré vendredi détenir le chef de l'unité des forces de sécurité impliquée dans une nuit d'affrontements dans la capitale, assurant que l'armée contrôlait la situation.

"Le colonel (Victor) Tchongo est entre nos mains. La situation est totalement sous contrôle"
, a déclaré le capitaine Jorgito Biague, porte-parole de l'état-major militaire de ce pays d'Afrique de l'Ouest politiquement instable.

Un responsable militaire, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat compte tenu de la sensibilité de la situation, a indiqué que le colonel Tchongo de la Garde nationale s'était rendu. Une photo censée le montrer entre les mains de l'armée a été envoyée à des journalistes.

Il a également mentionné que deux membres du gouvernement, que les éléments de la Garde nationale sont soupçonnés d'avoir soustraits à la police alors qu'ils étaient en cours d'interrogatoire, ont été récupérés sains et saufs.


Des tirs, nourris par intermittence, ont retenti une partie de la nuit et vendredi matin dans la capitale Bissau entre les éléments de la Garde nationale d'une part et les forces spéciales de la Garde présidentielle de l'autre, après l'extraction des deux membres du gouvernement des mains de la police, a rapporté un correspondant de l'AFP.


Les coups de feu ont commencé jeudi soir aux alentours d'une garnison du quartier de Santa Luzia. Des membres de la Garde nationale s'y étaient retranchés après avoir libéré le ministre de l’Économie et des Finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d'État au Trésor public, Antonio Monteiro, selon des responsables de l'armée et du renseignement de ce pays coutumier des crises.

Tous les accès aux quartiers sud de la ville ont été bloqués par des forces de sécurité. Des habitants ont dit fuir le sud de la ville pour le nord après une nuit de peur.


"Mes enfants et moi n'avons pas fermé l'œil à cause des tirs. Les enfants ont peur et se collent à moi chaque fois que les armes crépitent"
, a dit une institutrice jointe par téléphone et taisant son identité pour sa sécurité, alors que les rafales continuaient à retentir.

Le ministre de l’Économie et le secrétaire d'État au Trésor public avaient été convoqués jeudi matin par la justice, puis placés en garde à vue. Ils ont été interrogés pendant plusieurs heures par la police judiciaire à propos du retrait de dix millions de dollars des caisses de l'État, selon les mêmes sources. M. Seidi, questionné lundi sur ce retrait par des députés lors d'une séance à l'Assemblée nationale, avait affirmé qu'il était légal et destiné à soutenir le secteur privé national.

Les sources de l'armée et du renseignement ont indiqué que les forces spéciales étaient intervenues contre la Garde nationale après plusieurs tentatives de médiation infructueuses.


Des éléments de la Force d'appui pour la stabilisation de la Guinée-Bissau, déployés dans ce pays par la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), ont été vus vendredi matin en patrouille dans les rues.


Ces événements surviennent alors que le président Umaro Sissoco Embalo, élu en décembre 2019 pour cinq ans, se trouve à Dubaï pour assister à la 28e conférence des Nations Unies sur le climat (COP28).


Le petit pays pauvre d'Afrique de l'Ouest, la Guinée-Bissau, souffre d'une instabilité politique chronique et a été victime depuis son indépendance du Portugal en 1974 d'une kyrielle de coups de force, le dernier en février 2022.

Les législatives de juin 2023 ont donné la majorité absolue à la coalition d'opposition Pai-Terra Ranka, imposant une cohabitation au président Embalo, dont la famille politique n'est pas représentée au sein du gouvernement.


En septembre, le président Embalo avait nommé deux généraux, Tomas Djassi et Horta Inta, respectivement chef de la sécurité présidentielle et chef d'état-major particulier du président. Ces deux postes, prévus dans l'organigramme officiel, n'étaient plus pourvus depuis des décennies.


Ce renforcement de la sécurité présidentielle est intervenu alors que les coups d'État ou tentatives se multiplient en Afrique de l'Ouest, au Gabon, au Niger, au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et, cette semaine encore, en Sierra Leone.


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