France: les avocats et le directeur du lycée Averroès dénoncent une discrimination

17:3914/12/2023, Perşembe
MAJ: 14/12/2023, Perşembe
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Une élève au tableau pendant un cours au lycée Averroès à Lille, dans le nord de la France, le 28 septembre 2023.
Crédit Photo : SAMEER AL-DOUMY / AFP (Archive)
Une élève au tableau pendant un cours au lycée Averroès à Lille, dans le nord de la France, le 28 septembre 2023.

Les avocats et le directeur du lycée privé Averroès ont dénoncé une discrimination et un deux poids deux mesures dans la décision prise par le préfet du Nord de mettre fin au contrat liant l'établissement scolaire à l'État.

Lors d'une conférence de presse, ce mercredi, les avocats du lycée privé musulman Averroès de Lille, Me William Bourdon, Me Vincent Brengarth, Me Paul Jablonski et le directeur de l'établissement Éric Dufour, ont par ailleurs dénoncé une
"cabale organisée politiquement"
visant
"un lycée dont l'excellence a été reconnue, mais qui dérange par l'identité qu'il porte".

Accusant le préfet du Nord d'être
"l'homme lige"
du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, les avocats de l'établissement ont fait état d'une décision qui
"s'inscrit dans une forme de nouveau maccarthysme à la française".

Anadolu (AA) a interrogé le directeur du lycée, ses avocats, ainsi que des députés, sur la décision du préfet du Nord.


Une cabale politique sur de faux griefs


Lors de la conférence de presse, ce mercredi, Me Vincent Brengarth a d'abord dénoncé
"une cabale qui a été organisée politiquement, face à un établissement dont l'excellence a largement été reconnue, mais qui, finalement aussi, dérange par l'identité qu'il porte".

Son associé, Me William Bourdon, a pour sa part, accusé le préfet du Nord Georges-François Leclerc, qui a décidé de mettre fin au contrat liant le lycée privé musulman Averroès à l'État, d'être
"l'homme lige"
du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ajoutant que cette décision
"s'inscrit dans une forme de nouveau maccarthysme à la française".

Les avocats ont également regretté l'
"incroyable discourtoisie et le mépris du préfet"
qui a annoncé sa décision à travers la presse 4 jours avant de la signifier à l'école.

"Nous ne l'avons reçue que ce mercredi matin et ça n'est que ce matin que nous avons eu connaissance des termes de ces courriers, et de l'annonce faite par le préfet à grand fracas il y a déjà plusieurs jours"
, a expliqué Me William Bourdon, rappelant que Georges-François Leclerc
"avait annoncé dès son arrivée"
à son poste
"qu'il aurait la peau du lycée".

Me Paul Jablonski, avocat de l'association Averroès, a, pour sa part, tenu à souligner:


Les griefs sont faux et je le prouverai en justice.

Le directeur de l'établissement privé, Éric Dufour, a rappelé l'excellence du lycée reconnue à l'échelle nationale et dénoncé les mensonges diffusés dans la presse à propos de l'établissement qu'il dirige, soulignant qu'il s'agit d'un
"lycée républicain".

Évidemment, la République s'applique tous les jours. Nous avons de nombreux exemples pour le démontrer.

"Je donnerai deux exemples. J'entends partout que les minutes de silence en mémoire de nos estimés, regrettés collègues, Samuel Paty et Dominique Bernard, récemment, sont chahutés, sont contestés ici et là.

Jamais dans notre établissement, nous avons eu la moindre difficulté avec ces instants de recueillement et de silence et je n'aurais jamais, évidemment, personnellement, toléré que l'on conteste la mémoire de mes estimés collègues"
, a-t-il assuré.

"Deuxième chose: je ne sais pas si tous les établissements, je le souhaite, peuvent en dire autant. Chaque année, et c'est filmé, c'est documenté, quand nous remettons les diplômes nationaux du Brevet et du Baccalauréat, nous chantons, avec des élus, la Marseillaise, fièrement, parce que nos élèves sont parfaitement, à l'issue du Baccalauréat, insérés socialement"
, a-t-il encore tenu à préciser.

L'avocat Me Paul Jablonski a aussi formellement démenti la présence de l'imam Iquioussen dans l'établissement en tant qu'enseignant ou intervenant, ainsi que celle de certains de ces ouvrages, s'il en existe.


Deux poids deux mesures et discrimination


Les avocats du lycée privé Averroès ont annoncé qu'ils saisiraient la Justice prochainement.


Me William Bourdon a dénoncé un
"deux poids, deux mesures"
, le juriste évoquant notamment
"des lycées catholiques du côté de M. de Villiers en Vendée, ou à Bordeaux"
, où la presse a révélé
"des projets pédagogiques souillés par des éléments de langage homophobes, racistes ou parfois antisémites".

Regrettant la disproportion des mesures prises à l'égard du lycée privé musulman Averroès, Me William Bourdon s'est également étonné de l'absence de mesures prises
"aussi brutalement dans des établissements qui continuent à ronronner, dans une idéologie parfois mortifère et toxique".

Anadolu a ensuite demandé aux avocats s'ils considèrent que ces mesures prises à l'encontre du lycée musulman sont de natures islamophobes. Ils ont tenu à souligner que l'islamophobie n'est pas une notion
"consacrée juridiquement"
et qu'ils inscriront leur ligne de défense dans un contexte de
"discrimination"
et de
"disproportion"
.

Interrogé ce mardi à l'Assemblée par Anadolu, le député La France Insoumise (LFI), Paul Vannier a ainsi tenté d'expliquer la décision du préfet:
"Ce traitement discriminatoire paraît ne s'expliquer que par une caractéristique de cet établissement, c'est l'un des deux seuls lycées privés musulmans du pays.
Il y a manifestement, de la part du préfet du Nord, une décision qui s'inscrit dans ce contexte islamophobe, de haine contre nos compatriotes musulmans à qui l'on cherche manifestement des griefs particuliers".

Au cours de la conférence de presse, ce mercredi, le directeur de l'établissement a indiqué que les enseignants et les élèves du lycée sont
"extrêmement traumatisés".

Alors que le lycée est tout simplement menacé de fermeture en l'absence du financement de l'État, il a ajouté:


Les élèves nous posent des questions tous les jours, certains dorment mal, mangent mal, s'interrogent pour leur avenir.

Déclarant être
"très honorés de défendre ce lycée",
les avocats ont fait état d'un
"paradoxe insensé"
entre la décision du préfet de mettre fin au contrat liant l'établissement scolaire à l'État et le fait que ce lycée soit loué par
"le Président de la République, les ministres"
pour son
"exigence de porter le devoir d'excellence dans le respect des valeurs républicaines"
et alors qu'il est célébré et classé parmi les premiers de France (une année devant le lycée Henry IV),
"incarnant cette exigence d'excellence pédagogique dans le respect des valeurs républicaines".

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