France: les agriculteurs maintiennent la pression avant les "nouvelles mesures" du gouvernement

La rédaction
09:5130/01/2024, Salı
MAJ: 30/01/2024, Salı
AFP
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Des agriculteurs français manifestent en bloquant l'autoroute A9 à Nîmes, dans le sud de la France, le 29 janvier 2024.
Crédit Photo : SYLVAIN THOMAS / AFP
Des agriculteurs français manifestent en bloquant l'autoroute A9 à Nîmes, dans le sud de la France, le 29 janvier 2024.

Le monde agricole en France prévoit de maintenir mardi les blocages routiers autour de Paris et ailleurs dans le pays, accentuant la pression sur le gouvernement d'Emmanuel Macron qui promet de "nouvelles mesures" pour éteindre ce nouvel incendie social.

Le blocage de plusieurs grands axes autoroutiers desservant Paris, encadré par des policiers et des gendarmes, a débuté ce lundi vers 14h (heure locale), comme annoncé par des syndicats agricoles, ont relevé les médias français.



Au moins quatre autoroutes sont désormais bloquées à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, rapporte un quotidien français, précisant que l'autoroute A13, qui relie la Normandie à Paris, est bloquée dans les deux sens, à environ 60 kilomètres de la capitale, à l'instar de l'A4 dont le blocage a aussi commencé avec l'installation en épi de tracteurs des deux côtés du terre-plein central.



Réclamant comme ailleurs en Europe de meilleurs revenus et, pour certains, moins de normes environnementales, les agriculteurs français ont barré lundi, avec leurs tracteurs, huit axes autoroutiers autour de la capitale, sous la surveillance de force de l'ordre mobilisées en masse.


Malgré les menaces syndicales, le
"siège"
annoncé de Paris n'a toutefois pas eu lieu, les aéroports franciliens n'ont pas été bloqués pas plus que le marché de produits frais de Rungis, le plus grand du monde, qui alimente la région parisienne.

Au total, plus d'un quart des départements français (30) ont néanmoins été touchés par ce mouvement de colère du monde paysan, qui menace de dégénérer en nouvelle crise sociale un an après la vaste mobilisation contre le relèvement de l'âge de départ à la retraite.


Sur la défensive, le Premier ministre Gabriel Attal, nommé il y a moins d'un mois, a annoncé au cours du week-end plusieurs mesures, dont l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier, sans toutefois convaincre les principaux syndicats qu'il a reçus lundi en fin de journée.

Cette nouvelle tempête sociale devrait figurer en bonne place dans le discours de politique générale qu'il prononcera dans l'après-midi devant le Parlement pour dévoiler les grands axes de son action.


Le président Emmanuel Macron est lui-même monté au créneau lundi, réunissant des ministres et donnant
"pour consigne"
d'empêcher l'entrée des tracteurs dans les grandes villes  pour ne pas créer de
"difficultés extrêmement fortes".

Le chef de l'État s'entretiendra jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen des mesures de soutien attendues par les agriculteurs. L'échange portera notamment sur le gel de l'accord commercial controversé que Bruxelles négocie avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) et l'arrivée de produits ukrainiens dans l'Union.


Mécontentement en Europe


Entre blocages d'autoroutes et défilés de tracteurs, la grogne agricole a déjà gagné en décembre et janvier l'Allemagne mais aussi la Roumanie, la Pologne ou encore la Belgique.


Dimanche, des dizaines de tracteurs ont organisé une opération escargot sur une autoroute belge et plusieurs ports dont celui de Hambourg, le plus grand d'Allemagne, ont été bloqués lundi par des agriculteurs.



La nouvelle politique agricole commune européenne (PAC), qui renforce depuis 2023 les obligations environnementales, et les législations du "Pacte vert" européen (ou "Green Deal")- même si elles ne sont pas encore en vigueur - cristallisent tout particulièrement la colère.

La France a beau être le premier bénéficiaire des subventions agricoles européennes avec plus de neuf milliards d'euros par an, ses paysans dénoncent une PAC selon eux déconnectée du terrain.


En septembre 2022, un rapport sénatorial français pointait:


La France est l’un des seuls grands pays agricoles dont les parts de marché reculent.

En vingt ans, elle est passée du deuxième au sixième rang mondial pour ses exportations - et au troisième européen, après les Pays-Bas et l'Allemagne.


"Les importations alimentaires en France explosent: elles ont doublé depuis 2000 et représentent parfois plus de la moitié des denrées consommées en France dans certaines familles"
, poursuivait cette étude.

Plus généralement, les agriculteurs européens dénoncent une concurrence déloyale, notamment parce que les produits importés ne sont généralement pas soumis aux mêmes réglementations que dans l'UE.

Le nombre d'exploitations agricoles a en outre été divisé en France par quatre en 50 ans: de 1,5 million en 1970, elles sont désormais moins de 400.000.


En France, la semaine de mobilisation qui a débuté est
"celle de tous les dangers, soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu'ensuite chacun prendra ses responsabilités",
a averti Arnaud Rousseau, le président du puissant syndicat agricole FNSEA.

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