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France: à Ouistreham, "rien n'a bougé" pour l'hygiène des migrants

19:0212/12/2023, mardi
MAJ: 12/12/2023, mardi
AFP
Un traducteur d'une association caritative au camp de migrants, à Ouistreham, dans le nord-ouest de la France, le 11 décembre 2023.
Crédit Photo : LOU BENOIST / AFP
Un traducteur d'une association caritative au camp de migrants, à Ouistreham, dans le nord-ouest de la France, le 11 décembre 2023.

Malgré une injonction de la plus haute administrative française à une commune de Normandie, dans le nord-ouest du pays, d'améliorer l'accès à l'hygiène dans un campement de migrants, "rien n'a bougé" regrettent les ONG sur place.

"Durant l'été la préfecture a installé ces cabines sanitaires"
avec cabinets et douches,
"mais le budget n'a pas été voté par la commune pour les raccorder à l'assainissement; donc, ça déborde"
, déplore, dans le campement de Ouistreham, Philippine Bouvier, coordinatrice terrain pour l'ONG Solidarités International.

Elle fait face à l'unique point d'accès à l'eau potable de ce campement, installé au bord d'un canal: 
"deux boutons poussoir de quatre secondes".

À quelques pas des toilettes condamnées pour cause de trop-plein, une cocotte fume au-dessus d'un feu de camp: on prépare l'assida, un repas traditionnel soudanais de semoule bouillie.


Ce camp, à quelques centaines de mètres du terminal ferry qui relie la ville de Caen à l'Angleterre, ne comptait qu'une trentaine de personnes l'hiver dernier, mais il a connu un afflux important durant l'été. Une petite centaine d'hommes de 14 à 40 ans se regroupent autour du feu.


"Je suis venu en Europe pour faire une demande d'asile car j'ai fui la guerre"
, déclare un migrant d'une vingtaine d'années qui requiert l'anonymat. 

"Je suis allé à Dunkerque, Calais"
dans le nord de la France,
"mais les conditions sont pires qu'ici"
, estime le jeune homme. "
Je suis revenu à Ouistreham car je peux installer ma tente et me protéger. Et il fait également moins froid, tu n'es pas congelé par le vent dans tes os comme là-bas".

La commune s'est vu enjoindre le 1er décembre par le Conseil d'État de
"créer des points d'eau et des latrines, ainsi qu'un dispositif d'accès à des douches"
pour ces hommes venus pour la plupart du Darfour, un territoire soudanais en guerre où l'ONU soupçonne un
"génocide".

La mairie avait huit jours pour
"prendre les mesures indispensables au fonctionnement des équipements sanitaires"
sous peine d'une amende de 1.000 euros par jour.

Sollicité par l'AFP, le maire de droite de Ouistreham, Romain Bail a répondu par SMS:
"aucune réaction".

Manque de vêtements


Une fois le repas distribué, les exilés s'assoient à même le sol sur le parking humide pour partager l'assida fumante. 


Le sous-bois sert de dortoir. Le sol gorgé d'eau est jonché des traces d'une vie précaire: papier à cigarettes, brosses à dents, mouchoirs, bouteilles d'eau, chaussettes...


"Ici, on est une seule tribu, on parle la même langue et on se protège"
, explique Moussa, 25 ans, parti de son pays en 2014 et arrivé en France après douze tentatives infructueuses de traversée de la Méditerranée.

Environ 90 tentes s'étalent de part et d'autres d'une sentier étroit sur près de 200 mètres; leurs occupants y vivent le plus souvent à deux.


L'eau est froide pour se doucher, il n'y a pas d'électricité pour charger nos téléphones et garder contact avec nos familles, les toilettes débordent.

"Mais le plus dur c'est le manque de vêtements et de chaussures",
déplore le jeune homme.

Christine Lannéval, une infirmière de 61 ans bénévole à l'association CAMO (collectif d'aide aux migrants de Ouistreham), assiste un médecin dans des consultations médicales deux fois par semaine.


Il y a des infections pulmonaires, la gale, des problèmes digestifs principalement liés au stress même s'ils ne le disent pas comme ça.

"Et nous avons eu un cas de tuberculose",
indique-t-elle.

Elle serre un sac contenant deux paires de chaussures à donner, qu'elle prend garde de ne pas exhiber:
"ça vaut de l'or ici".

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