États-Unis: les jeunes musulmans sous pression en raison de leur soutien aux Palestiniens

La rédaction
18:322/01/2024, Salı
MAJ: 2/01/2024, Salı
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Des milliers de personnes se sont rassemblées devant la Maison Blanche lors d'une Marche nationale pour la Palestine à Washington, appelant à un cessez-le-feu à Gaza, le 4 novembre 2023 à Washington, DC (Archive).
Crédit Photo : DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP
Des milliers de personnes se sont rassemblées devant la Maison Blanche lors d'une Marche nationale pour la Palestine à Washington, appelant à un cessez-le-feu à Gaza, le 4 novembre 2023 à Washington, DC (Archive).

Les jeunes résidant aux États-Unis ont manifesté un grand intérêt pour le congrès organisé par la Muslim American Society (MAS) et l'Islamic Circle of North America (ICNA), deux organisations musulmanes faîtières aux États-Unis.

Les jeunes ayant participé au congrès du MAS-ICNA ont déclaré à Anadolu qu'ils hésitaient à exprimer leur point de vue sur les attaques d'Israël contre la Palestine.


Ils tiennent l'administration Biden pour responsable de la pression croissante exercée sur l'expression d'opinions pro-palestiniennes et ce, dans tous les domaines, des médias sociaux aux campus universitaires.

Le Congrès annuel de trois jours, qui a lieu dans la ville de Chicago, située dans l'État de l'Illinois, a été marqué par la tragédie humanitaire à Gaza causée par les attaques israéliennes et par le grand intérêt de la jeunesse musulmane.


Alors que le compte à rebours est lancé pour les élections présidentielles américaines de novembre 2024, tous les regards se tournent vers les jeunes, qui joueront un rôle crucial lors des scrutins et des campagnes électorales.


Bien qu'ils se sentent mis sous pression par la politique de l'administration Biden à l'égard de Gaza, les jeunes musulmans, estiment que la solution réside dans un rôle plus actif dans la politique des États-Unis, et anticipent les prochaines élections.

Tarek Khalil, coordinateur de l'Éducation musulmane américaine pour la Palestine, est activement impliqué dans la politique américaine depuis qu'il est étudiant. Dans le cadre de ses fonctions actuelles, où il est en relation étroite avec les universitaires, Tarek Khalil a déclaré que les étudiants se sentaient attaqués.


"Les étudiants sont attaqués, et la raison pour laquelle ils subissent ces attaques ne provient pas de leur inefficacité. Bien au contraire, c'est parce qu'ils sont compétents notamment grâce à leur organisation grassroots qu'ils mènent depuis une dizaine d'années"
, a déclaré M. Khalil.

"Je pense qu'il est crucial qu'en tant qu'activistes, éducateurs et agents politiques, ici aux États-Unis tout comme ailleurs, que nous fournissions aux étudiants les outils et les moyens de défense juridique et politique nécessaires pour qu'ils ne se sentent pas étouffés et pour qu'ils puissent poursuivre leur travail"
, a-t-il expliqué.

Selon M. Khalil, la protection dont il est question pourrait alléger la pression qui pèse sur les jeunes musulmans. Il a par ailleurs mentionné les jeunes musulmans qui risquent de perdre leurs bourses d'études, leurs carrières universitaires et leurs emplois à cause d'accusations
"antisémites"
résultant de leur soutien aux Palestiniens sous l'occupation de l'armée israélienne dans la bande de Gaza.

"Cette nouvelle génération est prête à faire face à ces conséquences, car un état d'esprit différent s'est développé récemment. Ce sont eux, en effet, les futurs dirigeants, qui façonneront un environnement libre pour les Palestiniens et créeront une Palestine libre",
a-t-il ajouté.

Jeunes musulmans américains en colère, tristes, mais plein d'espoir


Rend Nayfey, étudiante en médecine qui s'est portée volontaire pour se rendre à Gaza en août, a indiqué qu'au cours de l'été, elle a apporté son soutien aux équipes médicales locales dans de nombreux hôpitaux de la région, avec ses collègues.


La jeune aspirante médecin a qualifié de
"décevante"
la politique de l'administration américaine sur la bande de Gaza et son soutien inconditionnel à Israël.

"Lorsque j'ai appris que l'hôpital Al-Shifa avait été délibérément visé, marcher le long de ces couloirs m'a paru vraiment étrange",
a déclaré Nayfey.

Ce sont des gens qui ont une vie, des espoirs, un avenir, des rêves et la volonté d'aider l'autre, et ils sont traités comme s'ils n'étaient rien d'autre que des déchets.

"Je recherche quelqu'un (un dirigeant) qui ne sera pas obsédé par son apparence. Je veux quelqu'un qui soit davantage centré sur l'humain, qui l'aide et qui a conscience que nous sommes tous égaux et que la vie de chaque personne compte"
, a-t-elle déclaré.

Elias Nasser, étudiant à la faculté de médecine du Texas, et originaire de Gaza, faisait également partie des volontaires qui s'étaient rendus en Palestine.


Peu après son retour aux États-Unis, Nasser, qui a perdu de nombreux membres de sa famille lors des attaques israéliennes sur Gaza, souligne que ceux qui ont survécu risquent également d'être tués sous les bombardements de l'armée d'occupation israélienne s'ils passent au sud de la bande de Gaza.

Bien que Nasser ait reconnu avoir été chaleureusement accueilli en tant que Palestinien dans son université, il s'est inquiété de la pression exercée sur les jeunes musulmans dans tout le pays, une pression qui peut parfois aller jusqu'à l'agression physique.


Rappelant l'incident au cours duquel trois jeunes ont été attaqués avec des armes parce qu'ils portaient des keffiehs palestiniens et parlaient arabe alors qu'ils se rendaient à un dîner de Thanksgiving, Nasser a mis l'accent sur les défis auxquels la jeunesse musulmane est confrontée.



En tant qu'étudiant, j'appelle nos représentants, nos dirigeants à nous protéger.

"(J'appelle nos représentants, nos dirigeants) à nous protéger en tant qu'étudiants, à protéger nos droits en tant qu'étudiants, et à soutenir le travail que nous faisons en tant qu'étudiants pour soutenir la population de Gaza",
a-t-il affirmé.

Un autre jeune qui n'hésite pas à partager ses opinions sur la Palestine mais préfère ne pas divulguer son nom afin d'éviter toute identification lors de recherches sur Internet liées à ses opinions, a indiqué que, face à la situation à Gaza, il n'y a pas de différence significative entre les Républicains et les Démocrates.


Selon ce jeune, les deux partis ne sont pas à la hauteur en matière de droits de l'homme, soulignant le manque de distinction apparent dans leur approche sur la question palestinienne.
Et de dire:

"Je pense qu'il y aura une certaine pression pour dire qu'il y aura un président magique qui apparaîtra pro-palestinien, mais c'est un peu exagéré. En fin de compte, ils ont besoin du vote et ils savent que le vote des jeunes constituera une grande majorité."
Et de continuer:

Des études ont montré que les jeunes de moins de 35 ans sont généralement pro-palestiniens.

Notre objectif est simplement d'exercer une pression rapide sur les gouvernements pour qu'ils se penchent sur la question (...)

Les jeunes musulmans veulent exercer une pression sur les politiciens américains par leur vote, mais ils subissent à leur tour des pressions au quotidien en raison de leur soutien à la Palestine. Ils hésitent à participer à des manifestations et craignent de perdre leurs bourses d'études, leurs carrières académiques et leurs emplois à cause de leurs publications sur les médias sociaux.


Un autre jeune musulman, qui préfère garder l'anonymat, décrit cette situation à travers son expérience personnelle:


"Je sais que c'est une pression à laquelle j'ai dû faire face et j'en ai personnellement parlé
à mon doyen".

C'est une chose d'être pro-sioniste et de s'exprimer, et c'en est une autre d'être pro-palestinien et de s'exprimer.

"Alors que nous étions en pleine phase de candidature et de demande de logement, nous avions entendu parler d'un résident qui avait été exclu de son programme parce qu'il était pro-palestinien",
a-t-il dévoilé.

Vote des jeunes


Oussama Jammal, Secrétaire Général du Conseil des Organisations Musulmanes Américaines (CMO), l'un des principaux organismes de coordination musulmans aux États-Unis et l'un des participants au congrès MAS-ICNA qui s'est tenu à Chicago, a souligné que ceux qui sont gênés par la politique du gouvernement Biden à Gaza ne sont pas seulement les jeunes Musulmans.


Les sondages montrent que près de 70 % des jeunes ne sont pas satisfaits et n'apprécient pas la politique de M. Biden. C'est un chiffre significatif.

"Il ne s'agit pas seulement de la jeunesse musulmane, mais de l'ensemble de la jeunesse du pays. Je pense que le président doit y prêter attention",
a-t-il stipulé.

Malgré la médiatisation unilatérale de l'occupation de Gaza par les médias américains, M. Jammal estime que les médias sociaux jouent un rôle important en révélant la réalité de la situation.

Malgré la diffusion des évènements au grand public en version israélienne, il a souligné que les Américains avaient désormais la possibilité d'accéder à la vérité grâce aux médias sociaux, ce qui leur permettait de voir la réalité du conflit, conduisant à un changement significatif du point de vue américain, en particulier chez les jeunes.


Il a également noté que, bien que le vote des jeunes avait été crucial lors des élections précédentes, il estime que les attentes du président à l'égard du vote des jeunes sont menacées lors des prochaines élections.


M. Jammal a reconnu que l'impuissance face à la situation à Gaza et la position solidaire du gouvernement américain à l'égard d'Israël ont déçu et irrité les jeunes.

Il a néanmoins lancé un appel à la prudence aux jeunes musulmans contre la propagande liée aux actes de violence.


Évacuez l'énergie et la colère par le biais de la liberté d'expression et engagez-vous dans un activisme politique positif. C'est la meilleure façon de changer les choses.

"Autrement, la colère ne sera bénéfique à personne, mais transmettre votre message à ceux qui prennent les décisions politiques les aidera à comprendre"
, a-t-il conclu.

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