Crédit Photo : MICHELE SPATARI / AFP
L'ancien président sud-africain et dirigeant de l'uMkhonto weSizwe (ANC) Jacob Zuma (C) danse sur scène lors du dernier rassemblement de l'ANC à eMalahleni le 26 mai 2024, avant les élections sud-africaines prévues pour le 29 mai 2024.
L'opposition en Afrique du Sud a promis devant ses partisans de détrôner l'ANC aux élections législatives de mercredi, le parti au pouvoir depuis la fin de l'apartheid risquant d'enregistrer un recul historique à l'issue du scrutin, annoncé comme le plus disputé des trente dernières années.
Dans un stade de Benoni, près de Johannesburg, plusieurs milliers de partisans arborant t-shirts, drapeaux et parasols flanqués du slogan
"Sauvons l'Afrique du Sud"
ont participé dimanche au dernier meeting de l'Alliance démocratique (DA).
"Mercredi, l'ANC perdra la majorité dont il a abusé pendant des décennies, la majorité qu'il a utilisée pour plonger ce pays dans le chômage, la corruption et la mauvaise gestion"
, a promis le chef de la DA, John Steenhuisen, 48 ans.
"Nous mettrons fin mercredi au règne de l'ANC et un nouveau chapitre s'ouvrira pour le pays"
, a poursuivi, dans un discours mêlé de quelques mots en langue locale, le leader du mouvement libéral crédité d'environ 25% des intentions de vote mais encore largement perçu comme un parti blanc.
Le 29 mai, 27,6 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour choisir 400 députés, qui désigneront ensuite le prochain président. Une cinquantaine de partis sont en lice.
De nombreux électeurs, partagés entre leur loyauté pour le Congrès national africain (ANC) qui a libéré le pays du joug de l'apartheid et une désillusion grandissante nourrie par un chômage endémique ainsi que des pénuries d'eau et d'électricité trente ans après l'avènement de la démocratie, pourraient se détourner du parti historique.
La multiplication des affaires de corruption impliquant des figures de l'ANC a aussi profondément entamé la confiance des électeurs. Et le parti risque, pour la première fois, de perdre sa majorité absolue au Parlement, oscillant entre 40 et 46% des voix dans les sondages.
"Je suis ici pour que mes petits-enfants et mes arrière-petits-enfants aient un avenir meilleur",
a expliqué à l'AFP Ann Adams, une boulangère de 69 ans, installée au pied d'une scène où des artistes locaux ont interprété des morceaux de musique country mais aussi d'Amapiano lors du meeting de la DA.
"Je veux que les choses changent, je suis fatiguée des mensonges"
, a renchéri Maria Choene, 42 ans, mère de trois enfants au chômage.
Le même jour, le sulfureux ex-président Jacob Zuma (2009-2018) s'est exprimé devant les partisans de son nouveau parti dans la province rurale du Mpumalanga (est), bastion traditionnel de l'ANC.
Sa formation baptisée Umkhonto We Sizwe (MK) pourrait rafler jusqu'à 14% des voix le 29 mai, selon des enquêtes d'opinion. Même si l'ancien pilier de l'ANC de 82 ans, au départ candidat à un siège de député, a été déclaré inéligible à quelques jours du scrutin en raison d'une condamnation à la prison en 2021. Sa photo apparaîtra toutefois sur les bulletins de vote déjà imprimés.
Nous allons le prendre, le pays, en raflant la majorité des deux-tiers et le transformer pour en faire quelque chose de meilleur.
Dans une adresse à la Nation transmise à la télévision dans la soirée, le président Cyril Ramaphosa a une nouvelle fois souligné les accomplissements de l'ANC et les progrès apportés depuis la fin de l'apartheid aux 62 millions de Sud-Africains, en termes d'éducation, de lutte contre les violences faites aux femmes ou contre la corruption.
La veille, lors du dernier rassemblement du parti historique dans un énorme stade de Johannesburg qui n'a pas fait le plein, le chef d'État de 71 ans, qui compte sur un second mandat, a assuré que la victoire est inéluctable.
Mais
"un amour qui ne fonctionne pas doit cesser. L'ANC a eu sa chance et a échoué",
constate Isaac Tembo, un chômeur de 66 ans, lui aussi dans les rangs de la DA dimanche.
En passant sous la barre des 50%, l'ANC serait contraint de nouer des alliances. Les observateurs prédisent des négociations serrées dans les jours suivant le vote autour de la formation d'un prochain gouvernement de coalition.
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