Des dizaines de milliers d'Egyptiens manifestent pour Gaza

18:3620/10/2023, Cuma
AFP
Crédit photo: Khaled DESOUKI / AFP
Crédit photo: Khaled DESOUKI / AFP

Des dizaines de milliers d'Égyptiens sont descendus dans la rue vendredi pour apporter leur soutien aux Palestiniens à Gaza, dont quelques milliers sur l'emblématique place Tahrir du Caire, ont constaté des journalistes.

Au 14e jour de la guerre meurtrière entre Israël et le mouvement palestinien Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, des rassemblements ont lieu dans la plupart des villes d'Égypte, ont rapporté des médias locaux.

Sur la place Tahrir, ils scandaient
"Pain, liberté, Palestine arabe"
et
"Le peuple veut la chute d'Israël"
, détournant les deux principaux slogans de la
"révolution"
de 2011 qui a renversé le président Hosni Moubarak.

La police est parvenue à disperser les manifestants de la place, qui se sont dispersés dans les rues environnantes, selon un journaliste de l'AFP.


Manifester est habituellement illégal en Égypte, mais mercredi, le président Abdel Fattah al-Sissi avait affirmé devant le chancelier allemand Olaf Scholz:
"si je demande au peuple égyptien de sortir dans les rues, ils seront des millions"
.

Ses partisans avaient aussitôt appelé à défiler vendredi pour lui donner
"mandat"
face à la crise qui risque d'embraser le Moyen-Orient. L'Égypte, qui a vu défiler de nombreux dirigeants du monde ces derniers jours, est le seul pays au monde à avoir une frontière avec la bande de Gaza, à l'exception d'Israël.

C'est donc via son territoire que l'aide humanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, pour moitié des enfants, doit transiter. Un transfert qui se fait toujours attendre vendredi après-midi, après le déplacement du patron de l'ONU, Antonio Guterres, au poste-frontière de Rafah qui relie l'Égypte et Gaza.

"Paix"


M. Sissi a convoqué pour samedi un
"sommet pour la paix"
auquel sont invités tous les pays souhaitant participer aux discussions pour tenter d'aller vers un cessez-le-feu.

Mais dans le plus peuplé des pays arabes, ces défilés sont à double tranchant pour le pouvoir, explique à l'AFP Moustafa Kamel al-Sayyed, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire.


"Il y a une volonté de s'approprier la colère populaire",
affirme-t-il. Les cortèges retransmis en direct par les médias proches du pouvoir sont
"l'expression des sentiments de solidarité avec le peuple palestinien accompagnée de slogans qui expriment le soutien au président Sissi et lui donnent une autorisation à faire ce qu'il veut pour protéger la sécurité nationale de l'Égypte"
, ajoute-t-il.

En 2013, Abdel Fattah al-Sissi, alors ministre de la Défense, avait déjà demandé
"mandat"
au peuple pour en finir avec les Frères musulmans, dont il venait de renverser le président, Mohamed Morsi.

Cette fois-ci, les manifestants de la place Tahrir -un lieu qui ne figure pas sur la liste des points de rassemblements autorisés rendue publique mercredi- ont répondu:
"on donne mandat à personne, ici, c'est une vraie manifestation"
.

Même son de cloche à la mosquée Al-Azhar, siège de la plus haute autorité de l'islam sunnite, où la foule a scandé -après la prière des morts pour les plus de 4 100 Palestiniens tués par des bombardements israéliens-
"Israël terroriste"
et
"Où est l'armée des Arabes?"
.

Plus de 1 400 personnes ont été tuées le 7 octobre sur le territoire israélien par les combattants du Hamas, en majorité des civils le jour de l'attaque.


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