Le président Sall fait face aux incitations d'importants partenaires internationaux, de l'opposition et de la société civile à renoncer au report au 15 décembre de l'élection initialement prévue le 25 février.
Le conseil des ministres hebdomadaire s'annonce comme un jalon de l'une des plus graves crises traversées depuis des décennies par ce pays volontiers vanté pour sa stabilité.
Trois sources proches de la présidence en ont confirmé la tenue.
Le monde politique parle d'une possible amnistie qui pourrait être discutée en conseil des ministres avant d'être soumise à un texte à adopter par le Parlement. Il s'agirait d'effacer les infractions commises dans le contexte des troubles qu'a connus le Sénégal depuis mars 2021, qui ont causé des dizaines de morts et entraîné des centaines d'arrestations.
Alioune Tine, cité avec Pierre Goudiaby Atepa comme deux personnalités de la société civile ayant joué les bons offices entre la présidence et le camp de M. Sonko, a déclaré dans les médias que ce dernier serait libéré dans les prochains jours.
Le président Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a provoqué une levée de boucliers au-delà de l'opposition en annonçant le 3 février le report de la présidentielle, à trois semaines de l'échéance.
L'Assemblée nationale a fixé le nouveau rendez-vous électoral au 15 décembre et prolongé le mandat du président Sall, censé expirer le 2 avril, jusqu'à la prise de fonctions de son successeur.
Les Etats-Unis et la France ont appelé le président Sall à tenir l'élection le plus rapidement possible. Les défenseurs des droits ont critiqué l'emploi excessif de la force et les restrictions au droit de manifester et à l'accès à internet.
L'opposition soupçonne le camp présidentiel de s'arranger avec le calendrier parce qu'il est sûr de la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba, désigné par M. Sall pour lui succéder. Elle suspecte une manœuvre pour que le président Sall reste au pouvoir, même si celui-ci répète qu'il ne se représentera pas.
Le Pastef a jusqu'alors rejeté l'offre de dialogue et insisté sur le respect du calendrier. M. Sonko a été disqualifié, mais le Conseil constitutionnel a validé la candidature de son second, M. Faye, qui, bien que détenu, s'est imposé comme un prétendant sérieux à la victoire.
Un autre candidat de premier plan, Khalifa Sall refuse de dialoguer sans rétablissement du calendrier.
La peur de la violence est répandue.