Burkina: des organisations de la société civile dénoncent des "enlèvements récurrents" de citoyens

11:2429/03/2024, vendredi
AFP
Des étudiants se rassemblent dans un amphithéâtre de l'Université Thomas Sankara près de Ouagadougou au Burkina Faso le 15 octobre 2021 lors de l'inauguration du buste de Thomas Sankara.
Crédit Photo : Issouf SANOGO / AFP (Archive)
Des étudiants se rassemblent dans un amphithéâtre de l'Université Thomas Sankara près de Ouagadougou au Burkina Faso le 15 octobre 2021 lors de l'inauguration du buste de Thomas Sankara.

Onze organisations de la société civile du Burkina Faso ont dénoncé des "enlèvements récurrents" et des "arrestations arbitraires" de citoyens, appelant le régime militaire au pouvoir à les libérer et à proscrire ces pratiques.

Dans un communiqué rendu public jeudi, ces organisations déplorent les
"arrestations de citoyens (parfois en pleine rue) par des individus vêtus de tenues civiles, cagoulés ou se présentant à visage découvert comme étant des éléments des Forces de sécurité intérieure (FSI)".

"Ces pratiques ne constituent ni plus ni moins que des enlèvements"
, ajoutent-elles, soulignant que
"les personnes enlevées le sont généralement sans motif officiel déclaré et sont détenues dans des lieux tenus secrets par leurs ravisseurs".

Elles mentionnent une liste de personnalités ainsi enlevées dans laquelle on retrouve notamment l'avocat Guy Hervé Kam, les défenseurs des droits de l'Homme Daouda Diallo et Lamine Ouattara ou encore l'ancien ministre Ablassé Ouedraogo.

Faisant mention aux enlèvements d'étudiants en janvier et février les organisations ajoutent:


Ces complices aux enlèvements semblent également avoir dorénavant mis le cap sur les campus universitaires de Ouagadougou.

Arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a signé en avril un décret de
"mobilisation générale"
d’une durée d’un an, permettant la réquisition des
"jeunes de 18 ans et plus"
pour lutter contre les terroristes dont les attaques ensanglantent le pays depuis près de dix ans.

Ce décret stipulait aussi que
"les droits et les libertés individuels et collectifs garantis par les lois et règlements peuvent dans certains cas être restreints ou limités".

Mercredi, le gouvernement burkinabè a prolongé ce décret d'une année supplémentaire.

Les organisations, parmi lesquelles figurent le Balai Citoyen ou encore le Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP), appellent le régime à libérer
"sans délai ni condition"
toute personne
"illégalement arrêtée et arbitrairement détenue au regard de la loi"
et à
"faire proscrire définitivement"
ces pratiques.

Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des violences terroristes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Daesh, ainsi qu'aux représailles attribuées aux forces armées et à leurs supplétifs, qui ont fait quelque 20 000 morts et deux millions de déplacés.


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