Birmanie: trois hauts gradés de l'armée condamnés à mort pour avoir capitulé

14:1619/02/2024, lundi
AFP
Trois autres brigadiers généraux, impliqués dans ce qui constitue l'une des pires défaites de l'armée birmane depuis plusieurs décennies, ont été condamnés à la perpuité.
Crédit Photo : STR / AFP
Trois autres brigadiers généraux, impliqués dans ce qui constitue l'une des pires défaites de l'armée birmane depuis plusieurs décennies, ont été condamnés à la perpuité.

La junte birmane a condamné à mort trois hauts gradés de l'armée qui ont capitulé face à des groupes armés ethniques près de la frontière chinoise le mois dernier, leur abandonnant une ville stratégique, ont indiqué lundi à l'AFP deux sources militaires.

"Trois brigadiers généraux, dont le commandant de la ville de Laukkai, ont reçu une condamnation à mort",
a déclaré une source qui a souhaité rester anonyme, n'étant pas autorisée à parler aux journalistes.

Un porte-parole de la junte avait confirmé fin janvier que six responsables de l'armée avaient été placés en détention, après la perte de Laukkai.

La loi militaire birmane prévoit la peine de mort pour les cas de désertion d'un poste.


Un porte-parole de la junte n'a pas pu être joint dans l'immédiat.


La junte a montré ces derniers mois des signes de vulnérabilité inédits depuis le coup d'Etat de février 2021 contre la dirigeante Aung San Suu Kyi qui a mis fin à une parenthèse démocratique de dix ans.


Aucune issue pacifique ne semble se dessiner alors que l'armée régulière s'épuise depuis trois ans à lutter contre des dizaines de milices armées constituées de jeunes militants pro-démocratie qui ont pris le maquis dans diverses régions du pays.

L'entrée en action surprise en octobre dans le nord d'une coalition de trois puissants groupes armés animés par des minorités ethniques a aggravé la situation sur le terrain.


Début janvier, la perte de Laukkai, capitale du jeu, de la prostitution et de la drogue qui génère des milliards de dollars selon les experts, est un revers majeur pour la junte qui a déclenché la critique jusque parmi ses propres soutiens.


Près de 2.000 soldats avaient déposé les armes et s'étaient rendus à leurs ennemis avant de quitter la ville avec leurs familles. La ville était auparavant contrôlée par une milice aux ordres de la junte.


Service militaire


Pour les groupes ethniques armés, qui se sont emparés de plusieurs positions militaires et de routes essentielles pour le commerce avec la Chine, c'est la plus importante prise.


L'alliance de ces groupes se compose de l'Armée de l'alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), de l'Armée de l'Arakan (AA) et de l'Armée de libération nationale de Ta'ang (TNLA).


Le MNDAA contrôlait Laukkai jusqu'en 2009, avant d'en être délogé par une offensive dirigée par Min Aung Hlaing, l'actuel chef de la junte, alors affecté à un poste de commandement régional.

Le succès des insurgés a galvanisé les opposants politiques ayant pris les armes depuis le coup d'Etat.


Mise en difficulté sur le terrain, l'armée a annoncé récemment qu'elle allait imposer un service militaire d'au moins deux ans pour les hommes âgés de 18 à 35 ans, et les femmes de 18 à 27 ans.


Cette décision, dont les détails restent flous pour le moment, a provoqué une hausse des demandes de visa pour l'étranger ou de passeport, de la part de jeunes Birmans qui veulent échapper à la conscription.


Deux personnes sont décédées lundi dans la seconde ville du pays, Mandalay, dans une bousculade devant un bureau des passeports pris d'assaut par des centaines de demandeurs.

La Birmanie a procédé durant l'été 2022 à des exécutions pour la première fois depuis des décennies. L'application de la peine capitale contre quatre hommes, dont deux militants pro-démocratie bien connus, avait suscité l'indignation de la communauté internationale.


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