Biden dévoile un budget aux allures de programme de campagne

17:559/03/2023, Perşembe
MAJ: 9/03/2023, Perşembe
AFP
 Le président américain Joe Biden. Crédit photo: Mandel NGAN /AFP
Le président américain Joe Biden. Crédit photo: Mandel NGAN /AFP

Promesses sociales et taxes sur les riches: Joe Biden présente jeudi un projet de budget aux allures de programme de campagne dans la perspective de 2024, dont les mesures les plus fortes n'ont toutefois aucune chance ou presque de passer la barrière du Congrès.

Dans cet exercice austère au possible qu'est la présentation du budget, le président américain espère trouver un élan politique supplémentaire.


Le démocrate de 80 ans qui officiellement n'a que
"l'intention"
de se représenter en 2024, mais semble déjà en campagne exposera son plan à Philadelphie, en Pennsylvanie, un Etat stratégique du point de vue électoral.

Joe Biden a déjà distillé quelques propositions budgétaires, sans se faire d'illusion sur sa capacité à les concrétiser.

Depuis le début de l'année, il ne contrôle plus que le Sénat, l'autre chambre du Congrès (celle des représentants) étant désormais dominée par les républicains, bien décidés à ne laisser passer aucune hausse d'impôt.


"Juste part"


Or le projet de budget de Joe Biden, selon ce qu'en a déjà révélé la Maison Blanche, ne tient qu'à condition d'augmenter la pression fiscale sur les plus riches, qui doivent selon lui verser
"leur juste part"
.

"Aucun milliardaire ne devrait payer moins d'impôt qu'un pompier!"
, avait-il dit lundi.

Le démocrate entend donc faire payer plus d'impôts aux
"riches et aux grandes entreprises, tout en supprimant des dépenses inutiles"
au profit des géants de la pharmacie et du pétrole. 

Avec ce surcroît de revenu, Joe Biden estime qu'il peut, comme il l'a promis mercredi, assurer pour 25 années supplémentaires le financement d'un régime d'assurance-santé bénéficiant aux Américains de plus de 65 ans, le "Medicare", et ce sans toucher aux prestations.


Mais aussi augmenter les salaires des fonctionnaires fédéraux de plus de 5%, affirme le Washington Post.


Le tout, comme la Maison Blanche l'a affirmé jeudi, en réduisant le déficit fédéral de
"près de 3.000 milliards de dollars sur les dix prochaines années"
, alors que les républicains accusent régulièrement le président de laisser filer les dépenses.

"Un budget, c'est le reflet de nos valeurs"
, a tweeté Joe Biden jeudi.

C'est aussi, en l'occurrence, une arme politique.


Le démocrate tente, avec ses propositions, de mettre dans l'embarras le parti républicain, qui réclame plus de rigueur budgétaire mais n'a jusqu'ici pas exposé exactement dans quelles dépenses il entendait tailler.

Joe Biden se fait donc un plaisir d'accuser constamment la droite de vouloir saper les régimes sociaux tels que Medicare ce dont les conservateurs se défendent.


"Dette"


Cette présentation de budget intervient sur fond de bras de fer entre démocrates et républicains sur un autre sujet financier, plus pressant que l'élection de 2024: ce que l'on appelle le
"relèvement du plafond de la dette"
.

Les Etats-Unis, seule puissance industrialisée dans ce cas, doivent régulièrement augmenter, via un vote du Congrès, la capacité d'endettement du gouvernement.

Or ce vote, qui a longtemps été une formalité, est de plus en plus politisé. Le patron de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy, assure que ses troupes ne voteront pas pour relever le plafond de la dette tant que Joe Biden ne bridera pas la dépense publique.


Le président démocrate, lui, refuse jusqu'ici de négocier, faisant valoir que la dette accumulée au cours des ans par le pays est une responsabilité partagée.


L'enjeu n'est pas mince: si le bras de fer se prolonge trop, les Etats-Unis seraient sous la menace d'un défaut de paiement, du jamais vu, à partir de juillet.


La dette de la première économie du monde a atteint le 19 janvier 31.400 milliards de dollars, soit le plafond au-delà duquel le pays ne peut plus émettre de nouveaux emprunts pour se financer, et ne peut donc plus honorer ses paiements. Des mesures d'urgence temporaires ont été prises pour continuer à payer.


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