Première étape : la préparation de l’avertissement militaire contre les FDS

09:199/12/2025, Salı
MAJ: 9/12/2025, Salı
Yahya Bostan

Ces derniers temps, j’insiste souvent sur un point : l’accord conclu le 10 mars entre Damas et les FDS arrive à son terme à la fin de l’année. Le temps et le terrain politique se resserrent au détriment des FDS. Dans ce contexte, Damas a consolidé son positionnement international, diplomatique, politique et militaire. La Türkiye, les États-Unis et la Syrie sont parvenus à un accord impliquant un cadre clair : la priorité est l’intégrité territoriale de la Syrie. L’objectif affiché est celui d’un

Ces derniers temps, j’insiste souvent sur un point : l’accord conclu le 10 mars entre Damas et les FDS arrive à son terme à la fin de l’année. Le temps et le terrain politique se resserrent au détriment des FDS.


Dans ce contexte, Damas a consolidé son positionnement international, diplomatique, politique et militaire. La Türkiye, les États-Unis et la Syrie sont parvenus à un accord impliquant un cadre clair : la priorité est l’intégrité territoriale de la Syrie. L’objectif affiché est celui d’un pays stable, prospère, en paix avec ses voisins, où personne ne se sent exclu, où les droits sont protégés et où les ressources nationales sont équitablement distribuées. Damas a signé cet engagement. Quant aux FDS, elles restent perçues comme un élément d’instabilité, figées dans leur positionnement.


Le cadre posé par Ankara et la première opération contre Daech


Mes sources m’avaient décrit, dès le mois d’octobre, la scène suivante : lors de la rencontre entre le président Erdoğan et Donald Trump dans le Bureau ovale, les Américains avaient clairement répété qu’ils ne permettraient aucune évolution en Syrie susceptible de
"mettre la Türkiye en difficulté"
. Le CENTCOM avait ensuite averti les FDS en leur indiquant qu’elles devaient parvenir à un accord avec Damas avant la fin de l’année, puisqu’il n’était pas question pour les États-Unis de rester indéfiniment sur place. Selon la même logique, obtenir des garanties concernant les droits des Kurdes éliminerait certaines préoccupations américaines.
En revanche, la création d’un système fédéral était exclue.

Les discussions entre Damas et les FDS se poursuivaient, mais elles ont fini par se bloquer. Les FDS réclamaient ouvertement la décentralisation et refusaient de désarmer. Le blocage serait intervenu au début du mois de novembre, juste après la rencontre du président Trump avec le président syrien al-Shharaa à la Maison-Blanche. Trump pourrait d’ailleurs se rendre à Damas en 2026. Lors de cet entretien, la Syrie est devenue membre de la coalition internationale contre Daech. La première opération conjointe Damas-CENTCOM a eu lieu la semaine dernière. J’ai entendu dire que le CENTCOM souhaitait inclure les FDS dans cette opération, ce que Damas aurait refusé, mais je n’ai pas pu obtenir confirmation. Alors que la situation se retourne contre elles, les FDS semblent préférer se rapprocher du seul acteur susceptible de leur offrir un soutien résiduel : Israël.


La visite de Netanyahu et la décision des FDS


Plusieurs dynamiques empêchent les FDS de s’intégrer réellement à Damas. Au sein du YPG (branche syrienne du PKK) subsiste une clique baasiste structurée autour de Bahoz Erdal. En Israël, certains cercles radicaux interfèrent également. À cela s’ajoutent, selon les moments, l’influence de l’Iran ou de la France. Le blocage des discussions coïncide avec la visite du Premier ministre israélien Netanyahu aux unités d’occupation israéliennes dans le sud de la Syrie. Peu après cette visite, Israël a mené l’une de ses attaques les plus meurtrières dans la région. Dans le même temps, les FDS ont multiplié les déclarations menaçant d’opter pour
"la décentralisation ou la partition"
. Mazloum Abdi s’est exprimé dans le Jerusalem Post, résumant sa position par l’idée que
"Trump doit protéger les FDS"
. J’avais déjà écrit que les FDS espéraient tirer un bénéfice du message de Trump à Netanyahu affirmant que
"al-Sharaa sera un grand dirigeant et que les États-Unis le soutiendront"
.
La question reste posée : l’image diffusée lors de la visite à Barzani le 5 décembre constitue-t-elle le principal point de friction ?

Pourquoi le chef d’état-major s’est-il rendu à Damas


La semaine dernière, j’avais décrit un scénario plausible en cas d’échec de l’intégration. Selon cette perspective, les tribus arabes au sein des FDS rejoindraient Damas. Les FDS se retrouveraient alors confinées dans une zone de 500 000 habitants entre Hassaké et Qamichli, comme je l’avais déjà évoqué dans
"Les jours sont comptés pour les FDS"
publié le 28 novembre.

Les derniers développements ouvrent cependant la voie à d’autres scénarios. L’envoyé spécial de Trump, Barrack, a déclaré que le soutien américain aux FDS et au nord de l’Irak n’avait apporté aucune stabilité et contribuait à balkaniser le Moyen-Orient. Les FDS ont répondu à Barrack qu’elles ne reviendraient jamais à
"l’ancien système centralisé"
, quelle que soit la durée des discussions. À Doha, le ministre des Affaires étrangères Fidan a souligné que l’organisation n’avait aucune intention réelle de parvenir à un accord.
Pour masquer l’enthousiasme populaire dans les zones qu’elles contrôlent, les FDS ont interdit les commémorations de l’anniversaire de la révolution syrienne.
Parallèlement, des médias proches des FDS affirment que l’armée syrienne accumule des armes lourdes sur les lignes de front de Raqqa, Deir ez-Zor et Tabqa, que des drones commencent à survoler la région, et que des mouvements similaires apparaissent à l’est d’Alep, près du barrage de Tishrine. Mais l’élément le plus marquant reste la visite du chef d’état-major Selçuk Bayraktaroğlu à Damas.

Deux étapes militaires se détachent désormais en Syrie


Après cette visite, j’ai tenté de comprendre ce qui se prépare réellement. L’impression qui se dégage est la suivante : Damas exige que les FDS s’intègrent avant la fin de l’année et respectent l’accord. L’objectif demeure d’y parvenir sans affrontement ni effusion de sang. Mais puisque les FDS refusent, une première étape militaire pourrait être engagée. Il s’agirait d’une opération ciblée, conçue comme un avertissement, destinée à pousser les FDS à revenir à la table. Le compte à rebours a commencé le 8 décembre, jour anniversaire de la révolution syrienne. Cette action ne fermerait pas la porte au dialogue ; au contraire, elle maintiendrait la possibilité d’une intégration.


En parallèle, conformément à l’accord de sécurité Türkiye-Syrie, la présence visible des forces armées turques sur le terrain pourrait s’intensifier.
Si, après cette première phase, les FDS persistent dans leur refus, une seconde étape pourrait s’ouvrir dès le Nouvel An.
Les tribus, peut-être en lien avec certains groupes proches de Barzani, rejoindraient alors Damas, ouvrant la voie à une intervention militaire d’ampleur visant à clore définitivement le dossier. Le temps se resserre. Tant qu’il en est encore temps, les FDS devraient entendre les avertissements.
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