ÉDITION:

Que signifient les critiques de Biden envers Netanyahu ?

10:2515/12/2023, Cuma
MAJ: 15/12/2023, Cuma
Kadir Üstün

La critique du président Biden à l'égard de Netanyahu lors d'un meeting de campagne a été interprétée comme un changement possible de sa politique de soutien total après les attaques du 7 octobre. Les médias américains ont rapporté les propos de Biden selon lesquels le gouvernement de Netanyahu est le gouvernement le plus à droite d'Israël et ne veut pas d'une solution comme celle à deux États. Biden a déclaré que le "bombardement aveugle de civils" dans le cadre des opérations à Gaza avait réduit

La critique du président Biden à l'égard de Netanyahu lors d'un meeting de campagne a été interprétée comme un changement possible de sa politique de soutien total après les attaques du 7 octobre. Les médias américains ont rapporté les propos de Biden selon lesquels le gouvernement de Netanyahu est le gouvernement le plus à droite d'Israël et ne veut pas d'une solution comme celle à deux États. Biden a déclaré que le "bombardement aveugle de civils" dans le cadre des opérations à Gaza avait réduit le soutien international à Israël. Ces mots sont la reconnaissance finale par Biden de ce que le monde entier sait, mais il serait trop optimiste de s'attendre à ce que cela conduise à un changement de la politique américaine. Le fait que le président ait souligné, lors de la même réunion, qu'il ne prendrait "aucune mesure qui porterait atteinte à la sécurité d'Israël" montre qu'il continue à considérer la question dans le contexte de l'autodéfense d'Israël.


QUI GOUVERNERA GAZA ?


La presse a rapporté que la Maison Blanche essayait de persuader Israël de remettre Gaza à l'Autorité palestinienne à la fin de la guerre. Netanyahu s'y est opposé, déclarant que "Gaza ne sera ni un Hamasistan ni un Fatahistan". La Maison Blanche veut réduire la pression politique sur Netanyahu en divulguant à la presse qu’il demande à Netanyahu d'accorder plus d'attention aux morts civiles. L'administration Biden, qui souhaite que les opérations à Gaza ne soient plus à l'ordre du jour, préfère mettre l'accent sur le débat sur la question de savoir qui gouvernera Gaza. Il est clair que Netanyahu veut maintenir Gaza sous occupation au nom de la guerre avec le Hamas pour son propre avenir politique. Biden, quant à lui, veut faire passer le message que le Hamas a été éliminé en suggérant que Gaza soit gouvernée par l'Autorité palestinienne. Or, on sait que ni l'élimination du Hamas ni l'administration de Gaza par l'Autorité palestinienne ne sont des solutions réalistes et durables.


SOUTIEN CONTINU A L'ONU ET VENTES D'ARMES


Netanyahu refuse d'écouter les conseils de la Maison Blanche sur Gaza, mais il n'oublie pas de remercier l'aide américaine. Conscient qu'il ne peut résister à la pression internationale sans la protection américaine, Netanyahu tente de faire comprendre à ses partenaires de coalition qu'il est le seul acteur capable de faire avancer les relations avec Washington. L'administration Biden, quant à elle, insiste sur la poursuite de sa politique de soutien inconditionnel à Israël, malgré ses demandes de changements limités dans les politiques israéliennes. Le fait qu'elle le fasse au prix de son isolement, comme l'a montré le dernier vote de l'ONU, montre à quel point l'Amérique s'est éloignée du principe d'un "système international fondé sur des règles". D'autre part, Washington continue de fournir des armes malgré les attaques d'Israël qui vident de son sens le concept de "réponse proportionnée" et malgré l'utilisation de bombes au phosphore pour commettre des crimes de guerre. En bref, Netanyahu a de nombreuses raisons de remercier Biden, et rien n'indique qu'il faille s'attendre à ce que cette dynamique change bientôt.


JE SUIS SIONISTE


D'une part, Biden a insisté sur le retrait de l'Afghanistan et a voulu se concentrer sur la Chine ; d'autre part, il a rassemblé l'Occident pour soutenir l'Ukraine contre l'invasion russe. Ces mesures étaient largement conformes aux intérêts nationaux des États-Unis et à la rhétorique de Biden en faveur de la démocratie et d'un système fondé sur des règles internationales. Le soutien de Joe Biden à Israël après les attaques du Hamas du 7 octobre n'était pas surprenant pour ceux qui connaissent la politique américaine. En revanche, le soutien direct de Biden à la campagne israélienne visant à raser la bande de Gaza en dépit des pertes civiles massives a été relativement surprenant. Il n'est pas possible de dire que l'isolement des Etats-Unis dans le système international par Biden, en fournissant des armes aux opérations israéliennes en Ukraine, qui défient toutes les valeurs qu'il défend, sert également l'intérêt américain.


Biden a choisi de fermer les yeux sur le mépris du droit international par le gouvernement israélien le plus à droite à ce jour, dirigé par Netanyahu. Il est difficile d'expliquer par des calculs politiques rationnels que Biden, qui a serré fort dans ses bras Netanyahu, qu'il a insisté pour ne pas inviter à Washington il y a encore quelques mois, ait ignoré le malaise au sein de son propre parti. Biden a choisi d'accepter l'accent mis sur l'antisémitisme par les groupes de pression pro-israéliens, de répéter les arguments de Netanyahu, d'ignorer l'isolement des États-Unis sur la scène internationale et les réactions des jeunes, des Noirs et des groupes démocrates progressistes. Ces exemples, qui font passer au second plan les intérêts politiques de l'Amérique et les siens, ne peuvent s'expliquer que par un aveuglement stratégique et une obsession idéologique.


Après avoir critiqué l'antisémitisme lors d'une célébration de Hanoukka cette semaine, Joe Biden a rappelé ce qu’il avait dû subir quand il a déclaré il y a 35 ans : "Il n'est pas nécessaire d'être juif pour être sioniste. Et je suis sioniste". Biden avait auparavant fait des déclarations telles que "Si Israël n'existait pas, nous devrions le créer" et avait lié la sécurité des Juifs à l'existence d'Israël. On peut dire qu'il est politiquement surprenant que Biden mette en péril les intérêts nationaux et sa réélection en tant que président pour la deuxième fois en insistant sur sa politique israélienne. La seule explication à l'insistance de Biden peut être qu'il envisage la question d'une manière irrationnelle et idéologique en se basant sur des hypothèses que de nombreux Juifs n'accepteraient pas.

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