Il ne sera pas surprenant que le président Biden, lors de sa visite en Israël mercredi, réitère son soutien "inconditionnel" d'une part et impose des conditions implicites à l'opération de Gaza d'autre part. Les déclarations qui ont émaillé la navette diplomatique du secrétaire d'État Blinken dans la région ont montré à quel point les pays de la région étaient mal à l'aise face aux attaques d'Israël. Le fait que Biden rencontrera également le roi Abdallah de Jordanie, le président égyptien Sissi et le dirigeant palestinien Abbas [annulées après l’attaque contre l’hôpital de Gaza] montre qu'il ne se contente pas d'apporter un soutien inconditionnel à Israël, mais qu'il est également attentif aux équilibres régionaux. Malgré la déclaration initiale de Biden sur le soutien inconditionnel à Israël, on peut dire qu'il a posé comme condition que le conflit ne se transforme pas en conflit régional.
L'administration Biden, qui avait envoyé un message de soutien à Israël en envoyant un porte-avions dans la région immédiatement après l'attaque du Hamas, a été contrainte de mettre en garde contre l'opération israélienne à Gaza, qui n'a laissé aucun choix aux civils. Les manifestations dans les grandes villes américaines ont été le reflet de la réaction de l'opinion publique mondiale aux opérations israéliennes. Biden a été critiqué en interne par les Républicains pour ne pas être assez pro-israélien, mais aussi par les progressistes de gauche au sein de son propre parti pour son soutien inconditionnel. Biden, qui n'a pas encore obtenu de résultats en ce qui concerne le retrait de quelque 500 à 600 citoyens américains de Gaza et l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza par le poste-frontière de Rafah, a critiqué les opérations israéliennes en déclarant que l'invasion de Gaza serait une "erreur".
Il est clair que la pression américaine est aussi efficace que les raisons tactiques et stratégiques pour lesquelles Israël tarde à lancer une opération terrestre à Gaza. Il n'est pas impossible que l'armée israélienne subisse de lourdes pertes à Gaza et soit bloquée pendant longtemps. Si elle concentre son énergie sur cette région, elle pourrait être contrainte d'ouvrir un second front par le nord et pourrait avoir besoin d'un soutien militaire direct de la part des États-Unis. Entrer en guerre contre le Hezbollah tout en gérant l'opération de Gaza pourrait dépasser les capacités d'Israël. À en juger par les rapports de presse sur les discussions du secrétaire d'État Blinken, les États-Unis insistent sur un objectif stratégique clair pour l'opération de Gaza et ne veulent pas être entraînés dans un conflit à propos d'une opération israélienne dont les objectifs ne sont pas clairs.
Un conflit régional, dans lequel le Hezbollah et l'Iran seraient entraînés, serait un scénario cauchemardesque pour Biden qui entre dans une année électorale. L'éventualité d'un conflit au Moyen-Orient dans lequel les États-Unis ne fixeraient pas leur propre objectif et dans lequel ils seraient presque entraînés creuserait également un fossé entre Washington et Israël. À cet égard, éloigner Netanyahou d'une aventure qui nuirait aux relations américano-israéliennes semble être l'une des priorités de Biden. Biden, qui est déjà sous pression en raison des 6 milliards de dollars qu'il a donnés dans le cadre de l'échange de prisonniers avec l'Iran, a essayé d'envoyer un message à l'Iran et au Hezbollah pour qu'ils ne profitent pas de la situation actuelle. L'Iran est en position de bénéficier stratégiquement de l'escalade du conflit car il a les cartes du Hezbollah et du conflit régional. Joe Biden doit faire pression sur Israël pour qu'il garde le contrôle de la situation, malgré les pressions exercées par les Républicains les plus intransigeants pour qu'il réagisse durement face à l'Iran.
Le fait que de grandes puissances telles que la Russie et la Chine tentent également de tirer profit de la situation actuelle oblige l'administration Biden à intensifier ses efforts. La Russie a présenté une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies qui vise clairement à faire savoir que les États-Unis protègent à nouveau Israël. La Chine tente elle aussi de montrer que l'Occident est le seul à soutenir Israël, en affirmant que les opérations d'Israël vont au-delà de l'autodéfense. Il est clair que la Russie et la Chine se réjouissent que Biden ait été contraint de s'occuper de Gaza, reléguant les questions de l'Ukraine et de Taïwan à l'arrière-plan. Malgré leurs différences, la Russie, la Chine et l'Iran sont sur la même longueur d'onde en ce qui concerne la frustration des politiques occidentales menées par les États-Unis. Pour ces trois pays, étrangler les États-Unis en les entraînant dans une confrontation militaire au Moyen-Orient est synonyme de gain stratégique. Il ne faut pas oublier que ces équilibres dans la lutte mondiale pour le pouvoir constituent également une contrainte critique pour le soutien de Biden à Israël.
Le président Biden réitérera sa rhétorique de soutien inconditionnel lors de sa visite en Israël, mais il convient de noter que cela restera largement rhétorique et s'inscrira en retrait par rapport à la politique de Trump au Moyen-Orient, centrée sur Israël. Biden ne souhaite pas non plus s'engager en faveur de l'objectif d'un "nouveau Moyen-Orient" promis par Netanyahou. Biden sera conscient que son soutien à Israël est inévitablement conditionné par les équilibres politiques nationaux, la pression des alliés dans la région et les mouvements stratégiques des puissances mondiales.
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