Cela signifierait la faillite de ses politiques visant à éviter une nouvelle guerre au Moyen-Orient et à s'assurer que la guerre de Gaza ne s'étende pas à la région.L'administration américaine, qui affirme que ce n'est qu'une question de temps avant que l'Iran n'attaque Israël par l'intermédiaire de ses mandataires dans la région, envoie également des messages à l'Iran par différents canaux. L'administration Biden, qui avertit l'Iran qu'il trouvera probablement l'Amérique contre lui s'il attaque Israël, devra se rendre à l'évidence que la guerre de Gaza se transformera en conflit régional si elle ne parvient pas à réduire les tensions. En outre, l'administration devra abandonner le langage qu'elle a utilisé contre Israël concernant la situation humanitaire à Gaza et se ranger du côté de Tel-Aviv contre l'Iran. La nouvelle selon laquelle le général Kurilla, commandant du CENTCOM, s'est rendu en Israël et coordonnera la défense en cas d'attaque en est déjà une indication. Washington peut tenter de réduire les tensions en veillant à ce que la réponse d'Israël à une éventuelle attaque soit proportionnée, mais il est également essentiel de savoir combien de temps et quelle ampleur l'Iran voudra maintenir le conflit.
L'attaque contre le consulat iranien en Syrie survient à un moment où le dirigeant israélien Netanyahou se trouve dans une situation extrêmement difficile, tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger. Ce n'est pas une coïncidence si cette attaque a eu lieu peu après que Washington a appelé à un cessez-le-feu à Gaza.
La pression exercée par l'opposition israélienne interne et les familles des otages en faveur de négociations a également poussé M. Netanyahou dans ses derniers retranchements. Dans un tel contexte, déplacer l'attention de Gaza vers une autre question semble être le moyen le plus rapide de s'en sortir. Il est impossible de séparer la fusillade du consulat iranien et les attaques contre la famille du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, du contexte de la recherche d'une issue par Netanyahou.
Après le 7 octobre, Netanyahou a forcé l'Amérique à prendre part au front contre l'Iran en étendant la guerre de Gaza à la région avec des opérations au Liban et en Syrie. L'administration Biden a riposté en envoyant des messages à l'Iran, qui s'est contenté de réponses limitées de la part des Houthis et du Hezbollah.
Jamais peut-être dans l'histoire de cette relation, le soutien politique américain à Israël n'a été aussi politiquement controversé. Si les démocrates remettent en cause les livraisons d'armes et l'aide financière, les républicains ne prônent pas un soutien inconditionnel à Netanyahou. Le soutien de Trump à Israël se fait en grande partie au nom de la conquête des votes des chrétiens évangéliques, puisqu'il préconise d'aider l'Ukraine sous forme de prêts, et non de dons.
En d'autres termes, Trump n'apporte pas un soutien idéologique à Israël ; au contraire, il veut entrer dans l'histoire comme le président qui a normalisé Israël dans la région et obtenu l'accord nucléaire avec l'Iran. Washington est clairement mécontent de la politique de Netanyahou, mais cela pourrait changer en cas de confrontation directe entre l'Iran et Israël.
Il est clair que l'écrasante majorité de Washington va se montrer très dure à l'égard de l'Iran et que l'administration Biden n'aura pas d'autre choix que de se ranger du côté d'Israël. L'administration tentera de gérer les tensions croissantes en envoyant des messages à l'Iran et en donnant des garanties de sécurité à Israël. Toutefois, si ces efforts échouent et que l'Iran et Israël s'affrontent directement, M. Biden sera confronté à un gros mal de tête. Il ne faut pas sous-estimer la possibilité que l'Amérique soit forcée d'entrer dans une telle guerre, même si elle ne le souhaite pas. Si l'Iran choisit d'attaquer Israël uniquement par l'intermédiaire de ses mandataires, la crise deviendra un peu plus gérable, mais il est certain que Netanyahou insistera pour jouer la carte de l'Iran, car son avenir politique est menacé.
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