Argentine: la justice rend sa décision pour les rugbymen français accusés de viol

16:2110/12/2024, mardi
AFP
Un policier se tient devant le tribunal pénal de Mendoza, où l'audience pour le rejet des poursuites contre les rugbymen français Hugo Auradou et Oscar Jegou se tiendra à Mendoza, en Argentine, le 25 novembre 2024.
Crédit Photo : Andres Larrovere / AFP
Un policier se tient devant le tribunal pénal de Mendoza, où l'audience pour le rejet des poursuites contre les rugbymen français Hugo Auradou et Oscar Jegou se tiendra à Mendoza, en Argentine, le 25 novembre 2024.

Après cinq mois de procédure, la justice argentine se prononce ce mardi sur un éventuel non-lieu, c'est-à-dire l'abandon des poursuites contre Hugo Auradou et Oscar Jegou, deux rugbymen inculpés de viol aggravé en Argentine en juillet dernier, en marge d'une tournée du XV de France.

La décision, mise en délibéré fin novembre par la juge Eleonora Arenas, doit être rendue lors d'une audience à huis clos, prévue à partir de 9 h locales (12 h GMT) au pôle judiciaire de Mendoza (ouest).


Auradou et Jegou, âgés de 21 ans, sont inculpés de viol aggravé en réunion pour des faits présumés survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans un hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de disputer un match contre l'Argentine.


Les deux joueurs affirment depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante, une Argentine de 39 ans rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties et sans violence.


De son côté, l'avocate de la plaignante dénonce un viol commis avec
"une violence terrible"
. L'affaire oppose deux versions diamétralement opposées des faits, bien qu'il existe une convergence sur la réalité d'actes sexuels dans un contexte alcoolisé.

La décision de la juge pourrait toutefois ne pas être définitive. La défense de la plaignante, tout comme celle des joueurs, peut faire appel, qu'un non-lieu soit prononcé ou non. Dans ce cas, le dossier serait transmis à une autre instance, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.


Les avocats des deux parties ont refusé de s'exprimer lundi, à la veille du verdict. La défense des joueurs s'est contentée d'afficher son optimisme quant à l'issue de la procédure.


Il y a deux semaines, la juge Arenas avait entendu les arguments des deux parties lors d'audiences réparties sur deux demi-journées.


Tensions entre avocats


Le parquet a plaidé pour l'abandon des poursuites, comme annoncé début octobre à l'issue de l'instruction. Dès les premières phases du dossier, notamment en août, lorsqu'il avait été décidé de remettre les joueurs en liberté, il avait relevé "des contradictions notoires, des incohérences et des zones grises" dans le récit de la plaignante.


Les avocats des joueurs avaient également plaidé pour un non-lieu, qu'ils réclament depuis août. Selon eux,
"tout a été dit"
dans un dossier où
"le délit n'a pas existé"
en raison de
"l'existence d'un consentement".
Ils qualifient cette affaire de
"dénonciation scandaleuse (...) avec des visées financières"
d'indemnisation.

Natacha Romano, l'avocate de la plaignante, avait demandé
"le rejet total"
du non-lieu et appelé à poursuivre l'enquête, de préférence avec un nouveau procureur. Elle a déploré que l'audience ait davantage consisté à
"accuser une victime de mentir"
plutôt qu'à
"évaluer ce qui s'est passé entre les quatre murs"
de la chambre d'hôtel.

Me Romano a également accusé à plusieurs reprises la justice provinciale de Mendoza de
"partialité"
. Elle a tenté, sans succès, de faire récuser les deux procureurs chargés de l'enquête ainsi que la juge Arenas. Ces démarches, accompagnées de nombreux recours procéduraux, ont contribué à tendre les relations entre les avocats argentins, avec des menaces mutuelles de plaintes et de demandes de dommages et intérêts.

Auradou et Jegou ont repris leur carrière de rugby professionnel en France: depuis octobre pour Auradou avec Pau et en novembre pour Jegou avec La Rochelle. Ils étaient rentrés en France début septembre, après avoir obtenu l'autorisation de la justice argentine, qui estimait que
"l'accusation initiale avait perdu de sa force"
. Dans les premiers temps de l'affaire, ils avaient passé plus d'une semaine en détention préventive, suivie de près d'un mois d'assignation à résidence.

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