Les Sri Lankais votent samedi pour une élection présidentielle à l'issue incertaine, avec la volonté de tourner la page de la politique d'austérité brutale qui leur est imposée pour sortir le pays de la crise financière catastrophique de 2022.
A la tête du pays depuis deux ans, le sortant Ranil Wickremesinghe, 75 ans, brigue un nouveau mandat avec pour seul programme la poursuite du redressement à marche forcée de l'île.
Maintenant, je vais faire du Sri Lanka un pays avec une économie, un système social et un système politique développés.
Mais, anticipent les analystes, sa victoire s'annonce difficile face à la lassitude et la colère d'une large partie de la population contrainte par le gouvernement de se serrer la ceinture.
Depuis l'ouverture des bureaux de vote à l'aube, de nombreux habitants de Colombo et de ses faubourgs ont exprimé leur désir de changement.
Tuwan Mohideen, 46 ans, a confié avoir accordé sa voix au chef de l'opposition, Sajith Premadasa (centre droit). "S'il gagne, nous pourrons avoir une bonne vie, le pays va se développer grâce à lui".
Economie étranglée
Après de longues tractations, le Fonds monétaire international (FMI) a fini par débloquer en 2023 une aide d'urgence de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros), en échange de fortes hausses d'impôts et de coupes drastiques des dépenses publiques.
L'ordre est depuis revenu dans la rue et la croissance du pays est repartie à la hausse, même si elle reste fragile, a averti le FMI.
A la tête du Front de libération du peuple (JVP) d'inspiration marxiste, Anura Kumara Dissanayaka, 55 ans, espère bénéficier du ras-le-bol de la population.
Bataille incertaine
A l'origine de deux insurrections meurtrières au début des 1970 et à la fin des 1980, le JVP a renoncé depuis à la lutte armée et s'est largement converti à l'économie de marché.
Le numéro 1 de l'opposition, Sajith Premadasa, 57 ans, devrait lui aussi rallier une partie importante des suffrages des mécontents.
Ancien proche de Ranil Wickremesinghe, il s'est engagé à arracher des concessions au FMI.
L'institution internationale ne semble toutefois pas disposée à adoucir ses exigences.
La lutte s'annonce serrée entre les principaux candidats en lice.
C'est la première élection présidentielle dont personne ne peut sérieusement prédire le résultat.
Si aucun des 39 prétendants ne franchit la barre de 50% des voix -- ce qui a toujours été le cas jusque-là -- la commission électorale les départagera en recensant les deuxièmes ou troisièmes préférences des votants.
Les résultats sont attendus dès dimanche.