Équateur: les menaces de mort contre les journalistes explosent

11:188/09/2023, Cuma
AFP
Crédit photo: RODRIGO BUENDIA / AFP
Crédit photo: RODRIGO BUENDIA / AFP

Les menaces de mort contre les journalistes en Équateur ont explosé depuis le début de l'année, dans un contexte de violences croissantes dans le pays, ont annoncé jeudi des organisations de défense de la presse.

Entre janvier et août 2023, ces organisations ont enregistré 216 attaques ou agressions contre des journalistes, dont 15 étaient des menaces de mort. 


"
C'est une augmentation de 100% par rapport aux menaces de mort enregistrées en 2021 et 2022"
, a déclaré lors d'une conférence de presse Susana Moran, présidente de Periodistas sin cadenas (Journalistes sans chaînes). César Ricaurte, de l'ONG Fundamedios a expliqué:

Le schéma de la violence est passé d'acteurs éminemment étatiques à d'autres acteurs, (...) le crime organisé et la délinquance commune.

Autrefois considéré comme un îlot de paix en Amérique latine, l'Équateur, situé entre la Colombie et le Pérou, les deux plus gros producteurs mondiaux de cocaïne, est frappé par une vague de violences sans précédent liée au crime organisé et au narcotrafic.


La côte Pacifique, centre d'exportation de la cocaïne et fief de ces groupes criminels, est longtemps restée l'épicentre de ces violences qui touchent désormais la capitale Quito, où l'un des principaux candidats à la présidentielle a été assassiné le 9 août par des tueurs à gages colombiens. Les prisons du pays sont également le théâtre de massacres récurrents entre détenus membres de gangs rivaux.


Dans ce contexte, le travail des journalistes est de plus en plus périlleux. La plupart ont couvert la dernière actualité électorale en gilets pare-balles, casques lourds et parfois à bord de véhicules blindés.


En 2022, 356 agressions contre la presse avaient été recensées (67 de plus qu'en 2021), dont trois assassinats.

Aucun journaliste en activité n'a été tué en 2023, mais le candidat présidentiel abattu le 9 août, Fernando Villavicencio, était un journaliste célèbre ayant mis au jour de nombreux scandales de corruption. Moran a souligné:


Les attaques contre les journalistes sont de plus en plus violentes.

En mars dernier, cinq enveloppes contenant des clés USB chargées d'explosifs ont été envoyées à différents médias, blessant légèrement un journaliste.

L'année dernière, une chaîne de télé avait été attaquée à l'arme à feu et en 2020, un engin explosif avait explosé dans les locaux d'une autre chaîne.


"Il y a un modèle d'impunité"
, a souligné Ricaurte. En cas
"d'atteintes à la liberté d'expression, d'agressions, de meurtres de journalistes, le motif professionnel ne fait jamais l'objet d'une enquête"
, a-t-il regretté, déplorant de ce fait le manque de
"statistiques officielles".

Ces organisations ont également identifié des
"zones de silence"
dans le pays, où la puissance des criminels conduit les journalistes à s'autocensurer.
"Surtout dans les provinces côtières, très touchées par le crime organisé"
, ainsi qu'à la
"frontière nord"
avec la Colombie, où
"la situation est urgente et dramatique"
, selon Moran.

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