Crise électorale en Namibie, le principal opposant demande l'annulation du scrutin

14:421/12/2024, اتوار
MAJ: 1/12/2024, اتوار
AFP
Panduleni Itula, candidat à la présidence des Patriotes indépendants pour le changement (IPC), répond aux journalistes lors d'une conférence de presse à Windhoek le 29 novembre 2024. Les Namibiens ont saisi leur deuxième chance de voter le 29 novembre 2024 après que les élections ont été prolongées à la suite de défaillances logistiques et techniques qui ont empêché de nombreux électeurs de voter il y a deux jours, ce qui a suscité la colère des partis d'opposition qui souhaitent desserrer l'emprise du parti au pouvoir, la SWAPO, qui est au pouvoir depuis 34 ans.
Crédit Photo : SIMON MAINA / AFP
Panduleni Itula, candidat à la présidence des Patriotes indépendants pour le changement (IPC), répond aux journalistes lors d'une conférence de presse à Windhoek le 29 novembre 2024. Les Namibiens ont saisi leur deuxième chance de voter le 29 novembre 2024 après que les élections ont été prolongées à la suite de défaillances logistiques et techniques qui ont empêché de nombreux électeurs de voter il y a deux jours, ce qui a suscité la colère des partis d'opposition qui souhaitent desserrer l'emprise du parti au pouvoir, la SWAPO, qui est au pouvoir depuis 34 ans.

Le principal opposant en Namibie a prévenu qu'il ne reconnaitrait pas les résultats des élections chaotiques qui se sont achevées samedi après quatre jours de vote, marqués par de nombreuses irrégularités et cafouillages, même s'ils lui étaient favorables.

Le candidat à la présidentielle Panduleni Itula, arrivé second en 2019, a lancé cet avertissement quelques heures avant l'annonce de premiers résultats, très partiels.


Ces derniers donnaient la candidate du parti historique au pouvoir, Netumbo Nandi-Ndaitwah, en tête avec 48% des voix, suivie de Panduleni Itula crédité de 29%, après le dépouillement de 10 des 121 circonscriptions du pays.

Panduleni Itula a annoncé devant la presse qu'il entendait faire 
"annuler"
selon
"les procédures prévues"
ce scrutin  indécis pour le parti historique au pouvoir,
"quel que soit le résultat"
qu'il ne
"reconnaîtra pas".

"Nous ne pouvons qualifier ces élections de libres, équitables et légitimes",
a dénoncé l'opposant après les scènes de mercredi, quand certains Namibiens ont dû attendre jusqu'à 12 heures pour voter.

Dirigée par le même parti, la Swapo, depuis son indépendance en 1990, la Namibie, qui se targue de sa paisibilité et de sa démocratie, entre dans sa pire crise institutionnelle. M. Itula, ex-dentiste et avocat de 67 ans, a appelé le président Nangolo Mbumba à
"réunir son cabinet pour trancher sur ce qui doit être fait".

Le scrutin ouvert mercredi, pour élire le président et le Parlement, a ainsi été prolongé à deux reprises après les files aussi statiques qu'interminables qui ont empêché de nombreux électeurs, parmi les 1,5 million d'inscrits, de déposer leur bulletin dans l'urne. 


"Les processus de vote ont été délibérément retardés dans plus de 63% des bureaux de vote du pays",
selon un rapport de l'organisation des avocats en droits humains d'Afrique australe qui avait dépêché une mission d'observation.

Celle-ci, déployée dans tout le pays, a rapporté aussi
"des retards délibérés dans l'arrivée des bulletins de vote".

Appel à un nouveau vote


Président des Patriotes indépendants pour le changement (IPC), l'opposant a demandé un nouveau vote "
afin de garantir que le peuple namibien aura l'occasion d'exercer son droit démocratique".

La Swapo, représentée pour la première fois par une femme dans la course à la présidence, Netumbo Nandi-Ndaitwah, a vu sa popularité s'éroder sous le poids du chômage massif des jeunes, devenus une large part de l'électorat, et des inégalités béantes dans ce pays riche en minerais.


M. Itula était arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2019 avec 29,4% en tant que candidat indépendant, sans parti sur lequel s'appuyer alors.

Le président Hage Geingob, mort en février, n'avait dû sa réélection au premier tour qu'à une demi-douzaine de points (56%). Ce qui laisse pressentir cette année un second tour inédit, selon nombre d'observateurs.


La prolongation des scrutins dans seulement 36 bureaux de vote ouverts, particularité du pays, à tous les Namibiens, a suscité la grogne de nombreux électeurs.

"Il aurait fallu plus de bureaux",
estimait Sielfriedt Gowaseb, après avoir glissé samedi son bulletin dans le seul bureau de la région de Khomas, celle densément peuplée de la capitale Windhoek.

"La plupart des Namibiens ne vivent pas en centre-ville",
déplorait ce juriste de 27 ans, avant d'ajouter que
"si certains ne peuvent pas accomplir leur devoir à cause du transport, c'est injuste".

Naita Hishoono, directrice exécutive de l'ONG Institut namibien pour la démocratie, estime aussi que
"chaque circonscription"
aurait dû
"compter au moins un bureau de vote".

La Swapo redoute cette échéance après le vent de changement ayant secoué les partis de libération en Afrique australe cette année. L'ANC a perdu sa majorité en Afrique du Sud, le BDP s'est effondré au Botswana et la victoire proclamée du Frelimo est contestée dans la rue au Mozambique.


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