Choisir l'UE ou renouer avec Moscou, la Moldavie face à un choix décisif

17:3320/10/2024, dimanche
MAJ: 20/10/2024, dimanche
AFP
La présidente moldave Maia Sandu réagit lors d'une réunion électorale avec des habitants au centre culturel de Bardar, le 15 octobre 2024.
Crédit Photo : Daniel MIHAILESCU / AFP
La présidente moldave Maia Sandu réagit lors d'une réunion électorale avec des habitants au centre culturel de Bardar, le 15 octobre 2024.

La Moldavie a commencé à voter dimanche pour élire son président et décider de poursuivre ou non son chemin européen, un double vote crucial pour l'avenir de cette ex-république soviétique sur fond de craintes d'ingérence russe.

La présidente Maia Sandu, qui a résolument tourné vers l'Union européenne son petit pays voisin de l'Ukraine en guerre, fait figure de favorite mais il devrait lui falloir un second tour, le 3 novembre, pour s'imposer, d'après les pronostics.


C'est surtout le référendum organisé en même temps qui sera donc scruté: les électeurs vont-ils approuver l'inscription dans la Constitution de l'objectif européen ?

La Moldavie a déjà un pied dans l'UE avec l'ouverture officielle en juin de négociations d'adhésion et les sondages prédisent une victoire du
"oui"
à 55%.

"C'est une chance pour l'avenir de nos enfants. Une chance pour la paix"
, dit Zinaida Ciobotari, une employée agricole de 60 ans qui, comme de nombreux Moldaves partis en quête de meilleurs revenus, a travaillé par le passé en République tchèque.

Mais l'inconnue réside dans le taux de participation qui doit atteindre au minimum 33%, des partis prorusses ayant appelé au boycott dans l'espoir d'invalider le scrutin.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (04H00 GMT), a constaté une journaliste de l'AFP dans la capitale Chisinau, où des haut-parleurs ont diffusé l'hymne national. Les premiers résultats doivent être annoncés une heure après la fermeture, vers 22H00.


"Le destin de notre pays"


Corruption, stages commando, désinformation: la police a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d'interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou.


Un système
"sans précédent"
d'achat de votes a été révélé, impliquant 150.000 Moldaves payés pour glisser des bulletins anti-Sandu et anti-UE dans l'urne, voire 300.000 en incluant leurs proches, selon les enquêteurs. Soit environ un quart des électeurs attendus dans le pays de 2,6 millions d'habitants.

A la veille du scrutin, Maia Sandu a appelé sur X ses compatriotes à s'unir
"pour assurer à la Moldavie la place qui lui revient dans la famille européenne"
, seul rempart à ses yeux face à Moscou.


"Le destin de notre pays, pour de nombreuses décennies, repose sur la décision de dimanche"
, a-t-elle martelé au cours de la campagne.

Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions dans cet Etat situé entre l'Otan et la sphère d'influence russe, cette économiste de 52 ans à la réputation d'incorruptible est devenue une personnalité européenne de premier plan.

Entre deux visites de dignitaires étrangers, la candidate à la frêle silhouette, créditée de près de 36% des intentions de vote, a sillonné la campagne à la rencontre des villageois pour sonner la mobilisation et rappeler que dans un référendum, il n'y a
"pas de second tour".

"Bande d'escrocs"


Face à elle, pas de poids lourd mais une ribambelle de dix candidats, pour la plupart plus ou moins liés à Moscou derrière des discours de
"neutralité"
. Certains s'exprimant en russe, en plus de la langue officielle qu'est le roumain.

Alexandr Stoianoglo, ex-procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses, pointe à 9%. Limogé par sa rivale, il appelle, l'allure sévère dans son costume, à
"restaurer la justice"
devant un pouvoir prêt selon l'opposition à brimer les droits.

Renato Usatii, ancien maire de Balti, deuxième ville de Moldavie (6,4%), a aussi une carte à jouer. Drapeau moldave sur les épaules, l'homme de 45 ans se revendique
"seul candidat à n'être contrôlé ni par l'Est ni par l'Ouest".

D'après le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé une centaine de millions de dollars à l'approche du scrutin. Avec, à la manœuvre, l'oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude.


"La Russie ne chôme pas, elle n'a jamais investi autant d'argent"
, commente l'historien roumain Armand Gosu, spécialiste de la région.

En parallèle, une partie de la population, en détresse, se trouve appauvrie par une inflation record.

"Alors que notre pays est à la croisée des chemins, une bande d'escrocs tente de tromper les gens"
, a averti le Premier ministre Dorin Recean, appelant les Moldaves à
"la vigilance".

Le Kremlin a
"catégoriquement"
rejeté les accusations d'ingérence.

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