Bolivie: Evo Morales visé par un mandat d'arrêt pour "traite d'être humain à l'égard d'une mineure"

16:2717/12/2024, Salı
AFP
L'ancien président de Bolivie, Evo Morales.
Crédit Photo : RONALDO SCHEMIDT / AFP
L'ancien président de Bolivie, Evo Morales.

Le parquet bolivien a annoncé lundi avoir émis un mandat d'arrêt pour "traite d'être humain à l'égard d'une mineure" contre l'ex-président Evo Morales (2006-2019), pour avoir eu une relation avec une adolescente avec laquelle il aurait eu une fille en 2016.

Une "mesure exceptionnelle de détention provisoire de six mois"
a par ailleurs été
"demandée"
, a déclaré lundi soir le procureur général Róger Mariaca.

Quelques heures plus tôt, la procureure en charge de l'affaire, Sandra Gutiérrez, avait annoncé avoir émis, le 16 octobre, un mandat d'arrêt contre Evo Morales qui souhaite revenir au pouvoir, malgré un arrêt de la Cour constitutionnelle ayant confirmé en novembre l'interdiction pour un président d'exercer plus de deux mandats.

La procureure Sandra Gutiérrez a expliqué ne pas avoir révélé plus tôt l'existence de ce mandat d'arrêt car
"l'affaire est très complexe",
du fait qu'elle implique un ancien président, qui a nié les accusations à plusieurs reprises.

Elle a par ailleurs souligné que deux jours avant de l'émettre, les partisans de l'ex- président ont mis en place des barrages routiers qui ont duré 23 jours, pour protester contre ce qu'ils estiment être une
"persécution judiciaire"
à son encontre.

Malgré la contestation, la police a tenté à plusieurs reprises d'arrêter M. Morales, réfugié dans l'Etat du Chapare (centre), son fief politique où est cultivée la coca, a précisé Mme Gutiérrez.

Mais
"il était impossible de procéder à l'exécution du mandat d'arrêt"
car
"de nombreux policiers ont été victimes d'agressions et de tentatives d'assassinat de la part des bloqueurs"
, a affirmé la procureure.

Mme Gutiérrez a dit que la police avait présenté d'
"innombrables"
rapports justifiant l'impossibilité d'exécuter le mandat d'arrêt et qu'il avait même été souligné que
"la vie non seulement de policiers, (mais) aussi de citoyens, était en jeu".

La procureure a par ailleurs déclaré avoir demandé une interdiction de sortie de territoire à l'encontre de M. Morales, indiquant que l'ancien président encourait une peine de
"10 à 15 ans"
d'emprisonnement.

Deuxième mandat d'arrêt


L'affaire remonte à 2015, lorsque l'ancien dirigeant des producteurs de coca gouvernait la Bolivie.


Selon le dossier, M. Morales a eu une relation avec une jeune fille de 15 ans avec laquelle il a eu une fille en 2016, lorsqu'il était alors au pouvoir.

La thèse du parquet est que les parents de la mineure l'ont enrôlée dans la
"garde de jeunes"
de Morales
"dans le seul but de gravir les échelons politiques et d'obtenir des avantages (...) en échange de leur fille mineure". 

Pour ces faits, le ministère public a déposé un acte d'accusation contre Evo Morales et la mère de la victime présumée pour le délit de
"traite d'êtres humains aggravée".

Il s'agit du deuxième mandat d'arrêt délivré à l'encontre de M. Morales pour cette affaire.


La procureure Gutiérrez avait déjà ordonné son arrestation en septembre, mais un recours en justice déposé par la défense de l'homme politique aymara avait permis de l'annuler.

Les avocats de M. Morales affirment que l'affaire a déjà été examinée et classée en 2020.


M. Morales estime être victime d'une
"persécution judiciaire"
orchestrée par le gouvernement du président Luis Arce, son ancien allié et désormais rival pour l'investiture du parti au pouvoir en vue de la présidentielle de 2025.

L'ancien président a gouverné le pays andin entre 2006 et 2019 et a ensuite favorisé le triomphe électoral de Luis Arce, qui avait été son ministre de l'Economie.


Aujourd'hui en conflit, les deux leaders se disputent la direction du parti de gauche au pouvoir et la candidature de cette formation à la présidentielle d'août 2025.


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