- 20.11.2024, mercredi
- 15:03
L’affaire de l’adhésion de la Suède à l’OTAN prend de l’ampleur. En juin [2022], la Türkiye, la Suède et la Finlande ont signé, lors du sommet de l’OTAN, un protocole d’accord. La Türkiye, visant en particulier la Suède, a demandé la fin de la présence et l’extradition des membres des organisations terroristes PKK et FETÖ, qui se sont installés dans ce pays et qui y mènent des actions hostiles à la Türkiye. En réalité, cela ne semble pas être un problème pour la Finlande. Il n’y a pas de PKK ou
L’affaire de l’adhésion de la Suède à l’OTAN prend de l’ampleur. En juin [2022], la Türkiye, la Suède et la Finlande ont signé, lors du sommet de l’OTAN, un protocole d’accord. La Türkiye, visant en particulier la Suède, a demandé la fin de la présence et l’extradition des membres des organisations terroristes PKK et FETÖ, qui se sont installés dans ce pays et qui y mènent des actions hostiles à la Türkiye. En réalité, cela ne semble pas être un problème pour la Finlande. Il n’y a pas de PKK ou d’autres organisations criminelles en Finlande. Les personnalités les plus importants de la République de Türkiye semblent avoir donné le feu vert à son adhésion à l’OTAN. Mais quand vient le tour de la Suède, la situation est très différente. La Suède persiste à ne pas reculer. Ce qui le conduit à faire face au droit de veto à la Türkiye dans son processus d’adhésion à l’OTAN. Le PKK mène fréquemment des actions en Suède. Lors de leur dernière manifestation, ils ont dépassé les bornes. Ils ont cherché à humilier le président turc, ou plutôt la Türkiye à travers lui. Même les autorités suédoises ont dû critiquer cette manifestation, bien que timidement. Enfin, un autre développement a eu lieu. Un professeur a rejeté la demande d’une jeune étudiante qui avait demandé une bourse d’études dans une université suédoise parce que la Türkiye empêchait la Suède d’entrer dans l’OTAN. Après que la jeune fille s’est plainte de cette approche et évaluation discriminatoires, il a été déclaré que le professeur a été inclus dans un programme qui le sensibiliserait à la discrimination (!).
Ce qui se passe nous permet de voir les crises du degré le plus avancé de la démocratie elle-même, à travers la démocratie suédoise, fière d’être l’un des modèles les plus avancés au monde – ce qui est juste à vrai dire. Souvenons-nous ; l’expérience de la démocratie établie, qui s’est construite sur des variables
socio-économiques et sociopolitiques
, a changé ce contenu et est rapidement devenue culturelle, surtout à partir de la fin de la guerre froide. En d’autres termes, les variables sociopolitiques et socio-économiques ont commencé à être remplacées par des questions
socioculturelles et politiques culturelles
qui ont surgi dans les espaces publics. Il y avait aussi ceux qui voyaient ce changement comme un développement qui contribuerait au raffinement de la démocratie. Depuis lors, nous avons écrit, au risque d’être critiqués pour tenir un discours fascisant, qu’il s’agit d’un événement qui pourrait entraîner la fin de la démocratie dans une médiocrité qui provoque
des tribalisassions culturelles et des querelles culturelles sanglantes
. Il semble que le temps nous a donné raison.
Une partie de ceux qui défendaient à l’époque une politique identitaire et culturelle ont commencé aujourd’hui à critiquer cette politique identitaire.
En fait, ce n’est pas la démocratie elle-même en tant que pratique qui pose problème, c’est le
démocratisme
qui exerce diverses projections sur la démocratie. La démocratie culturelle est l’une de ces principales projections. Ne pensez pas que je sous-estime les situations culturelles. Le problème, c’est leur politisation, qui réside dans leur transfert vers la politique sur la base de la religion, de la race et du sexe. Les politiques qui se basent sur ces dossiers deviennent violentes et perturbent le climat.
Les piliers de la démocratie culturelle peuvent être considérés comme
le respect des modes de vie et la liberté de pensée
. Nous pouvons voir ici beaucoup plus clairement comment l’acquis démocratique a perdu son contenu. Dans les temps anciens, les démocrates défendaient fondamentalement la liberté d’opinion. Souvenons-nous de ces fameux
Non aux campagnes 141-142 et 163
. La liberté d’expression et d’association est secondaire par rapport à son externalisation. Honnêtement, je pense qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec cela aussi. L’idée, comme on pourrait le penser, n’est pas un espace avec une fertilité extraordinaire. La valeur des idées est déterminée par leur limitation, tout comme l’exemple de l’or en économie. Générer des idées n’est pas un travail à prendre à la légère. Aujourd’hui, nous avons un nombre très limité d’idées. Il en va de même pour les idées générées en politique. De ce point de vue, le siècle le plus fertile est le 19ème siècle. En bref, ce ne sont pas les idées qui sont écrasées, mais les actions de ces idées en politique. De plus, même si les interdictions actuelles sur cette voie sont levées, il ne faut pas s’attendre à ce qu’une vaste richesse surgisse dans notre monde intellectuel. Mais je dois au moins dire que je trouve significatif que l’acte d’expression soit basé sur des idées.
Le nouveau démocratisme a rejeté complètement
la relation pensée-expression
. Ce ne serait pas un hasard que cela ait commencé dans les années 1970, lorsque
la relation or-monnaie
a été disloquée. Aujourd’hui, personne ne parle de liberté d’opinion. L’accent est mis sur la liberté d’expression. Tout comme l’or ne détermine plus les volumes monétaires, l’existence d’idées ne détermine pas les expressions. Les opinions disciplinent les expressions. Une opinion relève de la discipline et de la responsabilité. Aujourd’hui, nous vivons des crises causées par des actifs monétaires non partagés qui ont rompu avec la discipline de l’or, qui ont augmenté de manière inconcevable. Dans le même temps, notre monde de l’expression perd sa discipline et devient une incroyable série de réactions, d’externalisations et de défis lancés. Exprimer n’est plus un instrument, mais son propre but. L’expression, qui se traduit directement ou indirectement par du ressentiment, est l’ontique du présent. Ce qui remplace les idées, c’est
le mode de vie laïc
. Ce qui est étrange, c’est que ceux-ci sont considérés par les nouvelles classes moyennes comme le raffinement de la démocratie. Bien sûr, cette laïcité aura aussi un prix. C’est exactement ce que dit le film culte de Ruben Östlund, The Square. En fait, dans une société du paraître, où tout le monde est étranger les uns des autres, et peu sûre, il raconte la naissance d’un monstre issu d’un art raffiné et comment il peut prendre le dessus. De nos jours, c’est un film que ceux qui l’ont déjà vu devraient visionner à nouveau, et ceux qui ne l’ont pas regardé devraient certainement découvrir.
#liberté d'expression
#OTAN
#PKK
#The Square
