Minéraux critiques: La Türkiye renforce sa position stratégique

La rédaction
16:1620/09/2024, جمعہ
AFP
Le ministre turc de l'Energie et des ressources naturelles, Alparslan Bayraktar, au forum Gastch 2024, à Houston, le 18 septembre 2024.
Crédit Photo : IHA / IHA
Le ministre turc de l'Energie et des ressources naturelles, Alparslan Bayraktar, au forum Gastch 2024, à Houston, le 18 septembre 2024.

En rejoignant le Partenariat pour la sécurité des minéraux (MSP), la Türkiye renforce sa position stratégique dans la production de matières premières critiques, un secteur clé dans la rivalité entre l'UE et la Chine.

La Türkiye a récemment intégré le forum du Partenariat pour la sécurité des minéraux (MSP), une initiative occidentale visant à diversifier l'approvisionnement mondial en matières premières critiques et en terres rares.


Ce partenariat, dirigé par les États-Unis et l'Union européenne, pourrait permettre à la Türkiye de renforcer son infrastructure dans le domaine des terres rares, tout en offrant une alternative à l'hégémonie chinoise dans ce secteur stratégique.

Türkiye et MSP : un partenariat stratégique


Le forum du MSP, lancé en 2024, regroupe 14 pays ainsi que l'Union européenne. Il a pour objectif de sécuriser et diversifier les chaînes d'approvisionnement en terres rares et autres minéraux essentiels à la fabrication de technologies de pointe.


Des pays comme le Kazakhstan, la Namibie, l'Ukraine et l'Ouzbékistan font déjà partie de cette initiative qui vise à réduire la dépendance envers la Chine, principal acteur mondial dans ce domaine.

Les terres rares sont cruciales pour plusieurs secteurs, allant des batteries de voitures électriques aux écrans de smartphones et d'ordinateurs. En rejoignant le forum, la Türkiye bénéficie d'une opportunité unique pour accélérer le développement de son propre réseau d'infrastructures de production et de traitement des terres rares.


Une découverte majeure en Türkiye


En 2022, la Türkiye a annoncé avoir découvert un gisement massif de terres rares à Eskisehir, avec une réserve estimée à 694 millions de tonnes, faisant de ce site le deuxième plus grand du monde.


Cette découverte a immédiatement suscité l'intérêt de nombreux pays, y compris la Chine, qui contrôle actuellement plus de 70 % du commerce mondial des terres rares.

Les autorités turques visent à produire annuellement 10 000 tonnes d'oxydes de terres rares, ainsi que des quantités importantes de baryte, fluorite et thorium, élément clé pour la technologie nucléaire.


Rivalité entre l'UE et la Chine


La participation de la Türkiye au forum MSP ne passe pas inaperçue, car le pays négocie également avec la Chine depuis plusieurs années pour l'exploitation de ses ressources en terres rares. Le ministre turc de l'Énergie, Alparslan Bayraktar, se rendra en Chine en octobre pour continuer les discussions, laissant la porte ouverte à un éventuel partenariat avec Pékin.


Cependant, la Türkiye souhaite que la production finale des terres rares se fasse sur son sol, au lieu d'exporter simplement les matières premières vers la Chine. Cette condition pourrait freiner un accord avec Pékin, qui a pour habitude d'extraire des ressources à l'étranger sans développer d'infrastructures locales.


Face à cette situation, l'Union européenne redouble d'efforts pour séduire Ankara. En plus du forum MSP, l'UE a lancé un projet de deux ans, doté de 12 millions d'euros, pour soutenir l'écosystème turc des terres rares. Ce projet vise à renforcer le Centre d'application et de recherche sur les terres rares de l'université Munzur et à développer une installation de recyclage.


La Türkiye, au cœur des enjeux des minéraux critiques


La Türkiye occupe une place centrale dans la production mondiale de certains minéraux essentiels. Le pays détient 73 % des réserves mondiales de bore, utilisé dans de nombreuses industries, et son industrie des terres rares est en pleine expansion. En rejoignant le forum MSP, Ankara se positionne comme un acteur clé dans la transition verte et numérique mondiale.


Jurgis Vilcinkas, responsable européen, a qualifié les terres rares de
"nouveau pétrole et gaz"
de la révolution industrielle et énergétique. Selon lui, la Türkiye pourrait non seulement devenir un centre d'extraction et de production, mais aussi un innovateur capable de transformer ces ressources en produits à haute valeur ajoutée.

La Türkiye se trouve à un carrefour stratégique, courtisée à la fois par la Chine et l'Union européenne pour ses ressources en terres rares.

Son adhésion au forum MSP renforce ses liens avec l'Occident, tout en offrant des perspectives de développement industriel et technologique. Toutefois, les négociations avec la Chine restent ouvertes, Ankara cherchant à maximiser les avantages économiques de ses ressources tout en jouant un rôle majeur dans l'approvisionnement mondial en minéraux critiques.


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