Ce sont les découvertes d'une vie, le sacre de quinze ans de fouilles. Le Pr Necmi Karul dévoile l'homme de pierre assis, un vautour à ses pieds.
Cette statue de pierre de plus de 2,30 m de haut, assise sur un banc orné d'un léopard, a été découverte fin septembre dans le sud-est de la Türkiye, au cœur d'un complexe d'une vingtaine de sites qui abritait des milliers d'humains à l'âge de pierre, il y douze mille ans.
A force de remuer le sable jaune et de retourner les pierres de calcaire de Karahantepe, le professeur Karul, directeur du département de préhistoire à l'université d'Istanbul, est tombé sur cette statue renversée et brisée en trois morceaux, dont il a retrouvé les attributs virils au milieu des éboulis.
L'homme gisait dans une des premières constructions rectangulaires dont il était vraisemblablement un pilier soutenant le toit en bois.
La fonction du site reste inconnue - de même que celle de l'arène principale et les raisons de leur abandon.
La plus grande salle, de 20 m de diamètre, entourée de pièces plus petites, semble constituer une sorte d'agora, un lieu de rassemblement auquel on accédait par un passage réduit, soutenu par une forêt de piliers en forme de phallus surmontés d'une tête d'homme taillée à même le roc et de figures animales: renard, serpent, léopard...
Peut-être étaient-elles en bois, plus vulnérables, hasarde-t-il.
Les premiers pièges
A peine le Pr Karul savourait-il sa rencontre avec l'homme de Karahantepe qu'il s'est trouvé happé par une autre découverte sans précédent, dans la même semaine à Göbekli Tepe.
Sur ce site qui domine la Mésopotamie, dans le nord du croissant fertile, soigneusement étudié depuis 1997, les archéologues sont tombés nez à nez avec un sanglier polychrome d'1,20 m de long, 70 cm de hauteur: logé dans une niche, il faisait sans doute face à un autre à l'extrémité du site - pas encore fouillée.
Ce qui laisse encore supposer d'autres surprises à venir: les lieux ont été occupés environ 1.500 ans avant d'être abandonnés.
Sur les vingt sites du projet Tas Tepe, qui s'étire sur 120 km de long, non loin de la frontière syrienne, les archéologues turcs et leurs pairs allemands, italiens, bulgares et japonais ont commencé d'en fouiller neuf.