Une étude récente remet en question l'efficacité des crédits carbone dans la lutte contre la déforestation, soulignant des lacunes dans les méthodologies de certification.
Cette nouvelle étude vient enfoncer les crédits carbone les plus controversés, ceux qui permettent aux entreprises de compenser leurs émissions de CO2 en finançant la protection des forêts de la déforestation, alors que les initiatives pour leur redonner de la crédibilité se multiplient.
Surestimation des bénéfices environnementaux
Cette étude, évaluée par des pairs et publiée mardi dans la revue Global Environmental Change, met en lumière des "problèmes cruciaux" au sein des quatre méthodologies les plus utilisées pour certifier qu'un crédit carbone vendu a bien permis d'éviter qu'une tonne de CO2 ne soit relâchée dans l'atmosphère, en empêchant de la déforestation.
La conséquence est une surestimation des bénéfices environnementaux de ces projets REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts), qui ont généré 436 millions de crédits carbone, soit environ un cinquième des deux milliards de crédits émis dans le monde depuis le début des années 2000.
Deux des auteurs de cette étude, Thales West et Barbara Haya, avaient participé aux recherches qui ont profondément entaché la crédibilité de ces outils financiers ces derniers mois, notamment ceux générés à partir des méthodologies de Verra, un organisme américain qui a certifié près des deux tiers des crédits carbone existants.
Procédés simplistes
Les chercheurs vont cette fois plus loin en affirmant que les quatre méthodologies Verra étudiées utilisent des critères beaucoup trop flous pour estimer la déforestation qui aurait eu lieu sans la mise en place d'un projet de protection financé par les crédits carbone.
Les chercheurs préconisent eux de comparer a posteriori la zone protégée avec une zone similaire ne bénéficiant pas de financements, pour voir si le projet a réellement permis d'empêcher de la déforestation, ou s'il était inutile.
Problème de méthode
Face aux critiques, Verra a annoncé ces derniers mois le remplacement de ces quatre méthodes par une nouvelle, qui n'a pour le moment été appliquée qu'à cinq projets en développement, sans générer de crédits à ce stade.
Le Conseil pour l'intégrité du marché carbone volontaire (ICVCM), un organisme privé constitué en 2021 après plusieurs scandales pour évaluer les méthodologies des certificateurs, étudie actuellement la nouvelle proposition de Verra pour lui attribuer ou non son label de qualité des crédits carbone.
Verra a demandé à exclure ses anciennes méthodes de l'évaluation, a indiqué un porte-parole de l'ICVCM.