Lorsqu'il s'avance sur scène, en plein meeting électoral, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, en tunique traditionnelle, arbore un air ferme et déterminé face à ses soutiens.
M. Ghazouani est volontiers considéré comme le cerveau de cette réussite sécuritaire, autrefois comme chef d'état-major et directeur de la Sûreté nationale, et depuis 2019 comme président.
Au cours d'un premier mandat entravé par l'épidémie de Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, il a fait du social l'une de ses priorités. Son porte-parole cite des aides qui ont bénéficié à 1,5 million de Mauritaniens pauvres, la construction et la distribution de milliers de logements sociaux et la couverture par l'assurance-maladie de plus de 100.000 personnes.
Issu d'une lignée maraboutique et d'une puissante confrérie musulmane soufie, père de trois garçons et trois filles, il appartient à la tribu des Ideiboussat, connue à la fois pour sa richesse, sa discrétion et son influence.
Président en exercice de l'Union africaine, M. Ghazouani a noué de bonnes relations avec la France et l'Union européenne. Mais il a aussi veillé à se concilier les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali, au Burkina et au Niger, et se sont détournés de la France au profit de la Russie.
Il a affirmé la nécessité de discuter avec les juntes. En revanche, il se dit hostile au dialogue avec les terroristes.
Ancien directeur général de la Sûreté nationale, poste stratégique qui a permis à ce spécialiste du renseignement militaire de développer ses réseaux, il est devenu chef d'état-major peu avant le coup d'État de 2008 qui a porté au pouvoir son prédécesseur Mohamed Ould Abdel Aziz.
Il occupe ces fonctions jusqu'à son départ de l'armée en octobre 2018, avant un passage de novembre 2018 à mars 2019 au gouvernement comme ministre de la Défense du président Aziz.
M. Aziz désigne comme son dauphin celui qui est l'un de ses plus anciens et proches compagnons de route. M. Ghazouani remporte en 2019 la présidentielle dès le premier tour avec 52% des voix. C'est la première transition entre deux présidents élus depuis l'indépendance vis-à-vis de la France.
En 2020, l'ancien président Aziz tombe en disgrâce. Il est aujourd'hui en prison après sa condamnation pour enrichissement illicite. Il a accusé son successeur et ancien ami de l'avoir trahi. M. Ghazouani se défend de toute ingérence dans les affaires judiciaires.