France: en deux décennies, les inégalités de patrimoine ont explosé selon l'Insee

11:1318/10/2024, vendredi
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L'Insee fait état d'une double dynamique: une baisse des revenus des plus modestes et une hausse des plus hauts revenus, principalement en raison d'un versement plus important de dividendes.
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L'Insee fait état d'une double dynamique: une baisse des revenus des plus modestes et une hausse des plus hauts revenus, principalement en raison d'un versement plus important de dividendes.

Les inégalités de patrimoine se sont creusées en France sur les vingt dernières années, a indiqué l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), dans son rapport sur les revenus et le patrimoine des ménages, rendu public ce jeudi 17 octobre et repris par la presse française.

Selon l'Insee, le système sociofiscal français a permis de contenir la nette augmentation des inégalités de niveau de vie depuis deux décennies mais n'a pas empêché l'explosion des inégalités de patrimoine sur la même période.


En 2022, le niveau de vie médian en France métropolitaine est de 2 028 euros mensuels, en hausse de 24 % depuis 1996, en tenant compte de l'inflation.


Dans son rapport, l'Insee fait état d'une double dynamique: une baisse des revenus des plus modestes et une hausse des plus hauts revenus, principalement en raison d'un versement plus important de dividendes.

Avant redistribution, l'écart entre le niveau des vies des 10 % des ménages les plus pauvres et des 10 % les plus riches a ainsi augmenté de près de 17 % entre 2002 et 2021, explique l'Insee.


Mais ces inégalités ont été réduites un tant soit peu par le système redistributif français (progressivité des impôts, ciblage des prestations sociales sous conditions de revenus, revalorisation des minima sociaux et aides exceptionnelles mises en place pendant la crise sanitaire).
Ainsi, le rapport entre les 10 % les plus pauvres et les 10 % les plus riches reste finalement quasi stable en vingt ans (3,41 en 2021, contre 3,39 en 2002).

"L'impact du système sociofiscal s'est amplifié''
, en raison des inégalités plus fortes, souligne le rapport de l'Insee.

Cependant, la pauvreté (niveau de vie inférieur à 60 % du niveau médian) s'est maintenue à ses plus hauts niveaux sur les vingt dernières années.


En 2022, 9,1 millions de personnes habitait un logement ordinaire en France métropolitaine et un mineur sur cinq, soit 14,4 % de la population.


Environ 11,2 millions de personnes seraient en situation de pauvreté en France, l'Insee prenant en compte les départements d'outre-mer, mais aussi les personnes qui vivent dans des habitations mobiles (type caravane), des hébergements collectifs (étudiants en cité U, personnes âgées en Ehpad), ainsi que les sans-abri, rapporte Le Monde.

Deux millions d'entre elles sont en situation de grande pauvreté, cumulant faibles revenus (avec un niveau de vie inférieur à 50 % de la médiane) et une privation matérielle et sociale sévère.


Ces personnes se disent dans l'incapacité de couvrir sept dépenses de la vie courante sur une liste de treize. Par exemple, ne pas pouvoir manger un repas protéiné un jour sur deux, chauffer son logement à la bonne température ou disposer de deux paires de chaussures en bon état.


L'Insee souligne, en outre, qu'un tiers des personnes à très bas revenus en 2003 le sont encore près de vingt ans plus tard.


Ces réalités sont d'autant plus frappantes au regard de l'explosion des inégalités de patrimoine sur la période.

Ainsi, début 2021, en France, la moitié des ménages détenaient 92 % de la masse totale du patrimoine brut (ceux qui déclarent un patrimoine brut supérieur à 177 200 euros). L'autre moitié se partageant les 8 % restant.

Par
"patrimoine brut"
il faut entendre l'ensemble des biens permettant au ménage de
"disposer de ressources futures''
. Il est évalué avant déduction des éventuels emprunts en cours. L'écart est particulièrement important aux deux extrémités: 10 % des ménages ont un patrimoine inférieur à 4 400 euros, et 10 % supérieur à 716 300 euros.

Entre 1998 et 2021
"le patrimoine brut moyen des 10 % les moins bien dotés a baissé de 54 %, alors que celui des 10 % les mieux dotés a augmenté de 94 %''
, indique l'Insee.

Quatre ménages sur dix ont peu, voire très peu, de patrimoine et sont souvent endettés. Autant de ménages ont un patrimoine intermédiaire: propriétaires de leur résidence principale, parfois d'une assurance-vie.


Enfin, deux ménages sur dix ont un patrimoine nettement plus élevé, et plus diversifié: propriétaires de leur résidence principale, et pour 60 % d'entre eux d'autres biens immobiliers. Les 10 % des ménages les plus riches disposent d'un plus grand patrimoine professionnel.


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