La rencontre entre le président Biden et le dirigeant chinois Xi Jinping à San Francisco, où ce dernier est venu assister au sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), est le résultat des efforts déployés par les deux pays pour réduire les tensions depuis un certain temps. Depuis l'été dernier, l'administration Biden a cherché à stabiliser les relations avec la Chine en envoyant des membres de son cabinet en Chine. Des questions telles que Taïwan, la crise de l'espionnage et les produits technologiques critiques avaient entraîné la fermeture des canaux de communication des armées des deux pays ainsi qu'une escalade des tensions. D'après les déclarations faites avant la rencontre Biden-Xi, les attentes n'étaient pas élevées.
Les deux dirigeants semblaient s'accorder sur le fait qu'ils voulaient rivaliser sans s'affronter. Les mots de Xi "le monde est assez grand pour les deux pays" ont donné une idée du ton de la réunion. Biden a annoncé à l'issue de la rencontre qu'ils s'étaient mis d'accord sur la lutte contre le trafic de drogue et le rétablissement des canaux de communication entre les armées, signe que des progrès avaient été accomplis dans les pourparlers. Les problèmes économiques intérieurs de Xi et le désir de Biden d'avoir des relations plus prévisibles à l'aube d'une année électorale apparaissent comme les moteurs de la recherche de stabilité entre les deux pays.
La question qui a suscité le plus de tensions dans les relations bilatérales est celle de Taïwan. La visite de la sénatrice Nancy Pelosi à Taïwan en août 2022, ignorant les conseils de l'administration Biden, a provoqué le survol militaire de l'île par la Chine. La Chine, qui n'a pas hésité à perturber les avions et drones américains en vol pour recueillir des renseignements à 180 reprises au cours des deux dernières années, a également réagi aux propos de Joe Biden selon lesquels il défendrait Taïwan en cas de tentative d'invasion. Le danger des forces aériennes, dont les rencontres en mer de Chine méridionale sont devenues plus dangereuses lorsque les militaires chinois ont cessé de communiquer avec les militaires américains, représentait un grand risque de conflit.
La coopération américaine en matière de sécurité avec l'Inde, le Japon et l'Australie dans le cadre du Quad, le rapprochement du Japon et de la Corée du Sud, l'approfondissement des relations avec les Philippines et la vente de sous-marins nucléaires à l'Australie et au Royaume-Uni dans le cadre de l'AUKUS, ont donné lieu à des critiques selon lesquelles l’objectif était d’encercler la Chine. D'autre part, le fait que la Chine ait renforcé sa marine au cours des dernières années et, selon des experts américains, qu'elle ait atteint un point tel que les États-Unis ne seraient pas en mesure de l'arrêter si elle envahissait Taïwan, a suscité des inquiétudes quant à la possibilité d'un conflit. La déclaration de Joe Biden selon laquelle les canaux de communication entre les armées seront rétablis pourrait rendre cette situation risquée plus gérable.
Les États-Unis ont continué à améliorer leurs relations avec leurs alliés régionaux face à la Chine, qui a montré sa puissance par des exercices navals et aériens en mer de Chine méridionale, ce qui a donné lieu à des commentaires selon lesquels un conflit éventuel était inévitable. À la suite de la crise ukrainienne, les efforts de Washington pour faire pression sur la Chine, qu'il considère comme son plus grand et plus dangereux rival, ont été remis sur la table. Il n'était pas dans l'intérêt de l'administration américaine de pousser la Chine du côté de la Russie et elle a estimé qu'elle devait travailler avec la Chine, en particulier sur des questions telles que le changement climatique et l'intelligence artificielle. En outre, l'interdépendance des deux économies géantes rendait impossible une rupture totale.
La Russie et la Chine ont poussé un soupir de soulagement lorsque toute l'attention s'est concentrée sur le Moyen-Orient avec la guerre de Gaza, qui est apparue au moment où Joe Biden avait des difficultés à aider l'Ukraine. Ces deux pays ont profité de l'isolement international des États-Unis, se sont rangés du côté de la Palestine et ont sévèrement critiqué Israël. Les États-Unis, qui mettent en garde la Chine contre un soutien à la Russie en Ukraine depuis un certain temps, se sont isolés vis-à-vis d'Israël, ce qui a affaibli leur position dans leur lutte avec la Chine.
L'administration Biden, qui utilise un langage condamnant la Russie et la Chine sur les questions de démocratie et de droits de l'Homme, aura du mal à trouver des acheteurs pour le discours de la lutte des démocraties contre les autocraties tant qu'elle continuera à être un partenaire des massacres d'Israël à Gaza. Désormais, il sera encore plus difficile pour Washington, qui a tenté de mobiliser le Sud et les pays du Pacifique contre la Chine, d'utiliser la structure autocratique et la dictature de la Chine comme argument.
L'escalade des tensions avec l'Iran dans la région, alors qu'elle est occupée avec l'Ukraine et qu'elle soutient Israël, est également un facteur qui affecte les efforts de l'administration Biden pour réduire les tensions avec la Chine. Si une nouvelle crise éclate à Taïwan, où des élections auront lieu en janvier, il pourrait devenir impossible pour Biden de maintenir le cap sur plusieurs fronts. La Chine doit également être consciente que si elle tente d'envahir Taïwan en profitant de l'inquiétude des États-Unis, elle risque de recevoir une réaction dure et imprévisible, et préfère donc désamorcer les tensions.
Compte tenu de ces équilibres, il devient essentiel pour Washington, qui entre dans une année électorale, d'essayer de créer une dynamique plus prévisible avec la Chine. On sait que les deux pays ne se font pas confiance et qu'il existe de nombreux problèmes qui ne sont pas faciles à résoudre, mais il semble préférable pour les deux pays, à ce stade, de faire passer des messages de "concurrence douce" plutôt que d'accroître les tensions.
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