L'UE et la Türkiye: les enjeux des semences OGM

16:599/12/2025, Salı
MAJ: 9/12/2025, Salı
Ömer Faruk Doğan

Les progrès technologiques connaissent une accélération sans précédent. Dans le même temps, les priorités du monde évoluent très rapidement. Outre l’invasion de Gaza par Israël et les violences qui s’y déroulent, le changement climatique compte parmi les sujets les plus débattus à l’échelle internationale. Dans ce contexte, la taxe carbone que l’UE appliquera pleinement dans les échanges commerciaux à partir du 1er janvier 2026 ainsi que les “semences génétiquement modifiées” (OGM) occupent une

Les progrès technologiques connaissent une accélération sans précédent. Dans le même temps, les priorités du monde évoluent très rapidement. Outre l’invasion de Gaza par Israël et les violences qui s’y déroulent, le changement climatique compte parmi les sujets les plus débattus à l’échelle internationale.


Dans ce contexte, la taxe carbone que l’UE appliquera pleinement dans les échanges commerciaux à partir du 1er janvier 2026 ainsi que les
“semences génétiquement modifiées”
(OGM) occupent une place importante dans l’agenda européen.

Cette question concerne non seulement l’Union européenne, avec laquelle la Türkiye est liée par l’Union douanière, mais également le pays lui-même dont la population s’élève désormais à près de 86 millions d’habitants. Avec la généralisation de l’intelligence artificielle et l’accélération des innovations, le secteur des semences, pilier de la production agricole, est directement affecté. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles ce dossier prend une telle place dans les discussions européennes. Jusqu’à présent, Bruxelles imposait de strictes restrictions sur le commerce des produits OGM, en particulier pour les importations de maïs, tournesol, soja et céréales en provenance des États-Unis.


Du point de vue de la Türkiye, où la population dépasse 85 millions d’habitants, la protection de la santé publique, l’accès à une alimentation saine, la couverture des besoins de base et l’analyse des risques potentiels liés aux OGM sont largement reconnus comme des enjeux majeurs. Le maintien de l’autosuffisance agricole et le développement de semences productives, adaptées aux nouvelles conditions écologiques et résistantes aux maladies et nuisibles exigent des travaux de sélection génétique strictement encadrés par des principes éthiques.

L’augmentation de la productivité sur des terres agricoles réduites, afin d’assurer une alimentation équilibrée pour toute la population, ainsi que l’adaptation au changement climatique, figurent parmi les priorités absolues de la recherche génétique et de l’amélioration variétale. À l’échelle mondiale, la croissance démographique et la diminution des surfaces cultivables placent la sélection et la génétique au premier rang des solutions pour garantir la sécurité alimentaire.


Un exemple frappant : dans les années 1990, la Türkiye figurait parmi les grands exportateurs mondiaux de légumineuses, générant en moyenne 750 à 800 millions de dollars de recettes annuelles. Aujourd’hui, le pays est devenu importateur, incapable de répondre à sa propre demande. Le Canada, alors l’un des principaux marchés pour les produits turcs, est désormais son principal fournisseur. Cette transformation est le fruit des recherches menées par le Canada, débouchant sur des semences plus performantes, plus résistantes et plus rentables.

Dans ce domaine, il convient de souligner les travaux pionniers en Türkiye du défunt Prof. Dr. Osman Tosun, poursuivis par la Prof. Dr. Didar Eser, ainsi que ceux du Prof. Dr. Sait Adak à la tête de la Banque de gènes Osman Tosun. Il est également naturel de mentionner les efforts et l’implication personnelle de Mme Emine Erdoğan concernant le changement climatique, le zéro déchet et la protection des semences patrimoniales.


Dotée d’une immense richesse génétique grâce à ses sept climats et à sa géographie unique, la Türkiye dispose de l’un des plus vastes réservoirs de ressources végétales au monde. Pour garantir une alimentation suffisante et saine, et développer des semences adaptées aux changements climatiques, la génétique et la sélection restent incontournables.


Dans l’Union européenne, avec laquelle la Türkiye entretient ses plus forts échanges commerciaux, la question des semences OGM demeure au centre des débats. Le mois de décembre est toujours crucial, car il marque la finalisation des politiques commerciales applicables l’année suivante. Ainsi, le ministère turc du Commerce travaille intensément sur les régimes d’importation et d’exportation prévus pour 2026.


En février 2024, un accord a été conclu à Strasbourg entre le Parlement européen, la Commission et le Conseil pour autoriser l’entrée sur le marché européen des semences obtenues grâce aux
“nouvelles techniques génomiques”
(NGT), sans étiquetage spécifique ni évaluation des risques, sous réserve de leur brevet et enregistrement. L’objectif: compenser la baisse de production agricole dans l’UE et répondre à la hausse des besoins alimentaires.

Les discussions ont duré environ deux ans et demi. L’accord devra obtenir un premier feu vert du Parlement, puis être soumis à un vote final en mars 2026.

Depuis un arrêt de la Cour de justice de l’UE en juillet 2018, les produits issus des NGT étaient assimilés à des OGM. Les promoteurs de ces techniques soulignent toutefois qu’il ne s’agit plus d’introduire des gènes étrangers, mais de modifier le génome existant, accélérant la création de variétés plus résistantes au climat ou nécessitant moins d’engrais. Selon eux, la technologie ouvre une nouvelle ère conciliant innovation et naturalité.


Les négociations prévoient toutefois que seules les plantes présentant un nombre limité de mutations seraient exemptées de restrictions. Les semences modifiées pour résister à plusieurs herbicides ou pour produire des toxines insecticides pourraient également être autorisées, mais dans une catégorie distincte des variétés traditionnelles.


Toutefois, des obstacles socio-économiques sont attendus: classification obligatoire, licences payantes, risques de disparition des petits producteurs incapables de défendre leurs droits ou d’accéder aux ressources génétiques protégées. La diversité variétale pourrait en pâtir, tandis que la dépendance des agriculteurs aux semences brevetées ferait grimper les prix.

Même si les produits agricoles n’entrent pas encore dans le champ de l’Union douanière, la question des semences NGT et de leur enregistrement intéresse directement la Türkiye, son administration et ses agriculteurs, compte tenu de son potentiel agricole.

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